LES CRIMES DES SS
La pitié ne peut nous apporter que démoralisation (Hitler)
Criminalité dans la SS. Défense et accusation
La SS s'est rendue coupable de crimes graves
Des soldats SS intérrogent des paysans polonais sur les résistants
Les crimes militaires des SS
Le massacre d'une centaine de prisonniers au Paradis en 1940, pendant la bataille de Flandre par un élément de la SS Totenkopfdivision. Les dirigeants de la SS réussirent à étouffer le procès qu'avait entrepris la Wehrmacht.
Exécution de prisonniers soviétiques, en particulier en 1942, la Leibstandarte fusilla pendant trois jours tous les prisonniers faits sur le champ de bataille, après avoir trouvé les cadavres de six de ses hommes torturés et tués par la G.P.U.
Destructions de villages en Yougoslavie, tortures et exécutions de partisans yougoslaves par la SS division Prinz Eugen.
Assistance apportée à la police pour des opérations antijuives en Pologne et en Russie.
Participation à la liquidation du ghetto de Varsovie sous les ordres du chef de la police de Varsovie.
Répression impitoyable des populations russes suspectes d'aider les partisans.
En 1944 pendaison à Tulle par des éléments de la division Das Reich, de 99 otages pour répondre à une action des partisans. Massacre de la population d'Oradoursur-Glane (642 personnes) par une compagnie de la Das Reich (régiment Der Führer).
En 1944 en Grèce, cruelles représailles exercées par la SS après qu'un de ses convois fût tombé dans une embuscade tendue par les maquisards.
Kurt Adolf Wilhelm Meyer 1910-1961 Joachim Peiper 1915-1976
En 1944: meurtre de 64 prisonniers canadiens et anglais en Normandie par un élément de la Hitler-Jugend. Un tribunal canadien condamna à mort le général Kurt Meyer. La peine fut commuée. Meyer a été libéré le 5 septembre 1954.
Le 17 décembre 1944 à Malmédy dans les Ardennes, meurtre de 71 prisonniers de guerre américains par un détachement blindé de la Leibstandarte commandé par le SS Peiper.
La défense des apologistes
Les apologistes sont ici moins à l'aise. D'une façon générale ils invoquent le caractère impitoyable de la guerre à l'Est. Des deux côtés on exécutait couramment les prisonniers. Au point que les SS se suicidaient parfois plutôt que de tomber dans les mains des Russes. La Wehrmacht comme la Waffen SS a tué des prisonniers.
Les Totenkopfuerbeinde.
Accusation : Les gardiens des camps appartenaient le plus souvent à la Waffen SS. Nombre de médecins des camps étaient Waffen SS. Défense : Il n'y eut pas de rapport direct entre les unités combattantes et le système concentrationnaire.
Les Einsatzgruppen.
Accusation : Les 3 000 hommes des Einsatzgruppen qui exterminèrent près de 500 000 hommes en six mois provenaient environ pour moitié d'unités combattantes de la Waffen SS d'où la plupart du temps ils avaient été mutés pour raison disciplinaire. Ceux qui les mutaient ne pouvaient ignorer l'usage qui en serait fait.
Oskar Paul Dirlewanger 1895-1945 Bronislaw Kaminski 1899 -1944
Les SS Sonderkommando Dirlewanger et Kaminski.
Accusation : Les 6 500 Russes de Kaminski furent, sur l'ordre de Himmler, incorporés dans la Waffen SS pendant l'insurrection de Varsovie (1944). Leurs atrocités ne furent égalées que par la brigade Dirlewanger qui faisait également partie de la Waffen SS.
Défense : Il s'agit là de deux unités irrégulières à tous les points de vue.
Chaque jour, des centaines d'exécutions
Les Einsatzkommandos pacifient en tuant
Les Einsatzgruppen
Pour la Pologne, Heydrich décide la formation de cinq Einsatzgruppen, soit un groupement pour chacune des cinq armées de l'offensive.
Chaque groupement SS est lui-même composé de commandos SS en mission spéciale, d'environ cent cinquante hommes. Ces derniers ont été recrutés dans les rangs des SD et de la police régulière en uniforme (police nationale ou gendarmerie).
Leur mission est double : empêcher par tous les moyens la formation de poches de résistance ou de mouvements de guérilla.
La petite ville de Bromberg
Günther von Kluge 1882-1945
En 1918, Bromberg était encore une ville allemande. Ele est devenue polonaise à la suite de la défaite de l'Allemagne. Mais en 1939 la communauté de langue allemande y est toujours presque majoritaire. Les maisons, les magasins ont gardé le style germanique.
Le dimanche 3 septembre, les arrière-gardes polonaises de Bromberg s'apprêtent à partir. L'armée allemande du général von Kluge n'est plus très loin. Soudain, des toits et de quelques fenêtres crépitent les premiers coups de feu. Des francs-tireurs allemands tirent. Les Polonais ripostent rapidement pour protéger leur fuite. Quelques heures plus tard, les troupes polonaises reviennent. Les vitres et les volets s'effondrent sous les balles. Dans quelques rues, des groupes civils armés prennent les Polonais à revers. Un soldat isolé est coincé dans une impasse : plusieurs coups de feu, la tête du soldat s'écrase au sol. La fusillade dure jusqu'à la tombée du jour. Elle fait 228 tués du côté polonais et 223 dans le camp allemand.
La nouvelle de ce dimanche sanglant se propage comme une traînée de poudre dans les unités allemandes. La propagande répand des chiffres fantaisistes : cinq mille, puis cinquante mille morts. On crie vengeance. Les SS Totenkopf et les hommes du SD ne font pas de quartier. Le massacre commence.
La Whermach n'est pas contente
Mais tout cela gêne considérablement l'action de la Wehrmacht qui n'a pas encore achevé son offensive, et l'indispose moralement. L'armée classique avait cru naïvement que les hommes du SD se cantonneraient dans le contre-espionnage.
Indignation
Les méthodes des SS surprirent et choquèrent les unités régulières, comme en témoigne le rapport ci-dessous. Ce n'était pourtant qu'un début. L'armée devra s'habituer à bien pire.
Dans beaucoup de régions, tous les propriétaires fonciers polonais ont été arrêtés et leur famille internée. Les arrestations se sont presque toujours accompagnées de pillages. Dans les villes on a fait évacuer des îlots entiers, pris au hasard; les habitants ont été chargés dans des camions et emmenés dans des camps de concentration. Chaque fois, également, des pillages se sont produits. Le logement et la nourriture dans les camps sont tels que le médecin du Corps craint des épidémies qui mettraient la troupe en danger. Devant mes protestations, des améliorations ont été apportées.
Dans plusieurs villes, les actions contre les Juifs ont pris la forme de graves abus de pouvoir. A Turck, le 30 octobre 1939, trois camions de SS, conduits par un officier de grade élevé, sont entrés, et les hommes ont frappé arbitrairement les habitants à coups de nerf de boeuf et de fouet. Même des Allemands de race ont été ainsi frappés. Finalement, un certain nombre de Juifs furent enfermés dans la synagogue où on les obligea à chanter et à ramper entre les bancs, tandis que les SS les cinglaient de coups de fouet. On les contraignit à se déculotter pour mieux les frapper. Un Juif terrorisé, s'étant oublié dans son pantalon, fut contraint à enduire d'ordures la figure des autres.
Objectif. Détruire les sous-hommes
Des exécutions réalisées avec méthode et conscience
Les rapports des commandos
À Kiev, nous avons avisé la population juive par des affiches d'avoir à se regrouper en vue d'une prochaine déportation. 30 000 personnes sont venues. Toutes ont été exécutées. Des dizaines de rapports similaires s'abattent, à l'automne 1941, sur le bureau de Heydrich. Ils proviennent des véritables commandos de la mort.
Les Juifs de la ville ont été avisés d'avoir à se trouver aux lieux et place indiqués, en vue de leur hébergement dans un camp. 34 000 hommes, femmes et enfants se sont présentés. Tous ont été tués après que nous les eûmes contraints d'enlever leurs vêtements et les objets de valeur qu'ils portaient sur eux. Il nous a fallu plusieurs jours pour arriver à nos fins.
En six mois, une poignée d'hommes sélectionnés par Heydrich abattent en Russie près de 500 000 civils, hommes, femmes, enfants de tout âge. On les massacre au revolver, au fusil, à la mitrailleuse, dans les champs, dans les rues, sur les places publiques.
Une immense fosse
Souvent on leur fait creuser une immense fosse. Pendant des heures, ils travaillent sous la menace des armes. Soudain, les SS aboient. Le tombeau est assez grand. Il est l'heure de mourir. Ils remontent. Parfois ils doivent se dévêtir et poser leurs vêtements en des endroits précis. Puis ils s'alignent, debout ou à genoux, au bord de la fosse, sur le parapet formé par les remblais. Ils entendent dans leur dos le cliquetis des chargeurs qu'on enclenche, des culasses qu'on arme. Les salves crépitent. Des corps basculent dans la fosse. D'autres s'affaissent sur place. Les SS s'approchent et, du pied, les poussent dans leur tombe. De la tranchée montent les gémissements, les hurlements de ceux qui n'ont pas eu droit au coup de grâce. Certains lèvent un bras pour montrer qu'ils vivent encore. Des ruisseaux de sang coulent le long des remblais.
Une nouvelle vague de sous-hommes est poussée au bord de la fosse. Les mitrailleuses se déchaînent. Une nouvelle couche de cadavres recouvre la précédente. Et le scénario recommence jusqu'à ce que la tranchée soit remplie.
C'est la grande escalade vers le génocide, vers l'exécution de deux objectifs théoriquement distincts mais étroitement interdépendants : la solution finale de la question juive et la colonisation de l'Est.
Le comportement d'un bon SS
Selon Himmler, voici comment doit se comporter un bon SS envers les populations slaves : Un membre de la SS doit être honnête, convenable, fidèle et bon camarade envers ses compatriotes, mais pas envers les représentants d'autres pays. Par exemple, le destin d'un Russe ou d'un Tchèque ne l'intéresse pas. Dans ces peuples nous prendrons tout ce qui est de bon sang, nous leur volerons même leurs enfants, et nous les élèverons chez nous.
II nous est absolument indifférent de savoir dans quelles conditions ces peuples vivent, dans le bien-être ou dans la misère. Ce problème nous intéresse seulement du point de vue de notre besoin d'esclaves pour le développement de notre culture. Que dix mille femmes russes crèvent d'épuisement en creusant un fossé anti-tank ne m'intéresse qu'autant que le fossé sera prêt pour l'Allemagne.
Nous, Allemands, qui sont les seuls au monde à avoir une attitude correcte vis-à-vis des animaux, nous aurons également une attitude correcte vis-à-vis de ces bêtes humaines. Mais c'est un crime contre notre propre sang de se faire du souci pour eux et de leur apporter un idéal quelconque, qui rendrait l'existence plus difficile à nos fils et à nos neveux.
Si quelqu'un vient me dire : Je ne puis pas utiliser des femmes et des enfants à creuser des fossés, c'est inhumain, ils vont en, mourir, je dois lui répondre : Tu es un meurtrier de ton propre sang, car si la tranchée n'est pas finie, alors ce sont des soldats allemands qui vont mourir, ce sont des fils de mère allemande, c'est notre propre sang. Notre souci, notre devoir, c'est notre peuple, notre sang. C'est à cela que nous devons penser, c'est de cela que nous devons nous soucier, c'est pour cela que nous devons travailler et combattre, et pour rien d'autre. Tout le reste nous est indifférent. Je désire que les SS se comportent ainsi envers les peuples -étrangers non germaniques, et surtout envers les Russes.
Deux groupes de tueurs SS
Ils se conduisent avec une brutalité révoltante
La brigade Kaminski
Kaminski était un ingénieur russe qui avait collaboré avec les autorités d'occupation et obtenu d'elles la permission de gouverner une province derrière le groupe d'armées du Centre. Il recruta une milice pour mener la lutte contre les partisans russes. Cette milice se couvrit de sang et de honte. Les documents ne manquent pas. Leur lecture est le plus souvent insoutenable. Il n'est question que de filles et de femmes violées, éventrées, les seins coupés ; d'hommes décapités, mutilés, brûlés à petit feu de villages pillés et incendiés.
Lors de l'insurrection de Varsovie, du 1er août au 2 octobre 1944, la brigade Kaminski fut incorporée dans la Waffen SS, sur l'ordre personnel de Himmler. Les 6 500 Russes et Ukrainiens de Kaminski se comportèrent comme des sauvages dans les combats de rues, déjà les plus implacables par nature : Leur chef avoua que ses hommes avaient perdu tout sens moral et tenta de s'excuser en déclarant qu'il n'en était plus maître.
La brigade Dirlewanger
En octobre 1944, un millier de volontaires communistes et un millier de criminels, prélevés dans les camps de concentration, furent mis à la disposition de Dirlewanger. Est-il besoin de dire que, dès que l'occasion se présenta, tous les politiques passèrent dans les lignes soviétiques ? Les autres recrues de Dirlewanger étaient en majorité des criminels (voleurs, souteneurs, sadiques, coupables d'attentats aux moeurs, quelques assassins). Il y avait aussi des hommes de la Wehrmacht et de la SS, coupables de désobéissance ou de lâcheté, condamnés par des conseils de guerre et purgeant des peines de prison. On y ajouta même des Russes, des Ukrainiens.
Quant aux cadres de ce ramassis de gibier de potence, les sous-officiers étaient en majorité d'anciens braconniers et d'anciens gardiens de camp de concentration ; les officiers, pour la plupart, avaient été dégradés, à la suite d'un passage devant un conseil de guerre, et ne portaient pas l'insigne correspondant au commandement qu'ils exerçaient.
La discipline était terrible. Dirlewanger détenait, de Himmler lui-même, pouvoir de vie et de mort sur ses hommes, ce qu'aucun chef SS n'avait. Les punitions disciplinaires pleuvaient : coups de gourdins, cellule sans lit et sans fenêtre, où l'homme puni devait se tenir debout jour et nuit ou tout simplement : Umlegen (abattre d'une balle dans la nuque). En 1943, un groupe de 80 hommes de cette unité infernale fut amené au camp de Sachsenhausen. Ils ne furent même pas enregistrés sur les livres d'entrée du camp mais dirigés directement sur le crématoire et abattus à la mitraillette, après la lecture par un responsable SS de leur condamnation à mort pour rébellion.
Des atrocités à la chaîne
Dirlewanger avait une devise : Combattre la terreur par la terreur. En Russie, il s'employa à l'appliquer et à la faire appliquer. Les dossiers des crimes de cette bande en uniforme SS sont innombrables et accablants. Quand elle s'emparait d'un village, la bande commençait par sélectionner les plus jolies filles qui étaient réservées aux soldats méritants.
Les autres habitants du village conquis étaient enfermés dans les granges auxquelles le feu était mis ensuite. Tous les malheureux qui tentaient de s'échapper du brasier étaient tirés comme des lapins.
Konrad Morgen 1909-1982 Friedrich-Wilhelm Krüger 1894-1945
Les atrocités furent telles qu'un juge de la SS ouvrit une enquête. Il s'agissait de Konrad Morgen, juge à la Cour suprême des SS. Son enquête lui avait rapidement révélé que tous les membres de l'unité Dirlewanger avaient été condamnés, et que son chef lui-même n'avait pas une réputation sûre. L'unité s'était livrée à des actes de chantage et de pillage, en particulier à Lublin, et avait tué ceux qui se refusaient à donner de l'argent. Morgen décida de faire arrêter Dirlewanger, et s'adressa à l'Obergruppenführer SS Krüger. Celui-ci téléphona à Berger que si cette bande de criminels ne disparaissait pas de la région en moins d'une semaine, il irait lui-même les enfermer. Berger ne rappela pas l'unité en Allemagne, mais l'envoya en Russie centrale, à Mogilev ; aucune mesure ne fut prise contre elle ; dans un rapport à Himmler du 22 juin 1942, il attribua ce transfert à des accusations plus ou moins justifiées.
En août 1943, Dirlewanger fut décoré de la croix d'or du Reich : il avait supprimé 15 000 partisans, et perdu 92 tués et 8 disparus, avec 218 blessés. Quant au juge Konrad Morgen, il fut relevé de ses fonctions en mai 1942, en raison de sa rigueur, et envoyé au front comme simple soldat.
Massacré par les Russes En octobre 1944, la brigade Dirlewanger alla en Slovaquie où Berger avait été nommé commandant en chef des forces allemandes pour écraser l'insurrection nationale. Dans les dernières semaines de 1944, elle fut envoyée sur le front dans le nord de la Hongrie mais il y eut tant de désertions vers les lignes russes qu'il fallut l'en retirer. Après avoir été renforcée pour en faire la 36ème Waffen-Grenadierdivision der SS, elle fut engagée sur le front de l'Oder. En février 1945. Dirlewanger fut blessé. Sa division fut encerclée peu après et dut se rendre aux Russes, le 29 avril au sud-est de Berlin. Les Russes firent un affreux massacre de tous ces hommes, un des plus horribles de toute la campagne de l'Est, écrit Alan Clarke.
La division SS Das-Reich. Trois mois en France
Elle sème la terreur sur sa route, l'éclaboussant de sang, de feu
La mission est confiée à la division SS Das Reich
Heinz Lammerding 1905-1971
La mission confiée à Lammerding par ses chefs consiste à maintenir à tout prix la liberté de communication entre les diverses unités de la Wehrmacht. C'est pourquoi la moindre action du maquis, sabotage de voies ferrées, attaque de dépôts de chemins de fer, mitraillage des voitures allemandes, doit être immédiatement suivie d'expéditions punitives qui frappent impitoyablement les civils qu'un hasard malheureux a fait vivre à proximité.
Fermes isolées, hameaux, villages et villes subissent à des degrés divers la fureur vengeresse des SS. Tantôt ceux-ci tiraillent au hasard sur les populations, tantôt, suivant un scénario qui paraît avoir été mis au point une fois pour toutes, ils rassemblent les habitants d'une localité sur la grand-place pendant que les maisons sont fouillées et pillées. Les otages sont parfois relâchés sans explication mais, plus souvent, certains d'entre eux, généralement les hommes, sont arrêtés et déportés.
À Montpezat-de-Quercy dans le Lot, un léger accrochage entre des maquisards et une patrouille SS à deux kilomètres de ce bourg comptant quinze cents habitants, provoque une action de représailles immédiate menée par un bataillon blindé. Bilan de l'opération : 4 maisons du bourg et 12 fermes brûlées, certaines après pillage, 4 civils tués dans des conditions abominables et 22 hommes déportés. Pendant que les justiciers opéraient, la population, rassemblée sur la place centrale, était tenue en joue par les mitraillettes et les fusils de leurs camarades. Plus de vingt localités du Lot, de la Dordogne et du Lot-et-Garonne seront, à des degrés divers, soumises à un traitement similaire.
Oradour, ce n'était pas un hasard
Adolf Diekmann 1914-1944
Le convoi SS fait son apparition le 10 juin à 14 heures. Aussitôt les dispositions de bouclage sont prises. Elles consistent à empêcher les habitants de s'enfuir à travers champ et de les refouler vers la place centrale. Puis les hommes sont séparés des femmes et des enfants qui sont enfermés dans l'église. Dickmann ordonne aux otages de se séparer en cinq groupes, d’inégales importances, qui sont dirigés vers les locaux les plus vastes du bourg : deux hangars, un chai et deux garages. Enfin une mitrailleuse est mise en batterie devant chacune des entrées. À 15 heures, tous ces préparatifs sont terminés.
Pendant près d'une demi-heure, les SS et leurs futures victimes restent face à face. Les hommes commencent à reprendre espoir, convaincus qu'aucune arme de guerre ne sera découverte au cours de la fouille des maisons et que, bientôt, ce malentendu prendra fin. Mais, à 15 h 30, Kahn tire en l'air un coup de revolver. C'est le signal. Aussitôt, les mitrailleuses crachent le feu et fauchent les hommes à quelques mètres de distance.
Bientôt un amas de corps sanglants recouvre le sol. Une fois que le tir a cessé, les SS s'approchent et achèvent les blessés à bout portant. Pourtant, dans le hangar Laudy, deux blessés légers et trois habitants, miraculeusement indemnes pour avoir eu la présence d'esprit de se jeter au sol dès le début du mitraillage, parviennent à se dégager. Mais il leur faut encore se dissimuler lorsque les SS reviennent pour mettre le feu au bâtiment. Ces miraculés parviendront ensuite à se glisser à l'extérieur en abandonnant cinq autres blessés graves condamnés à une mort atroce au milieu des flammes.
Pendant ce temps, les femmes et les enfants enfermés dans l'église attendent qu'il soit statué sur leur sort. Tout le monde a entendu le tir des mitrailleuses sans comprendre exactement ce qui se passait. Vers 19 heures, deux SS viennent déposer sur l'autel une lourde caisse remplie de grenades asphyxiantes qui font explosion quelques minutes plus tard.
Au moment où une fumée suffocante commence à envahir l'église, une horrible panique précipite vers les portes cette foule hurlante. Mais les SS ouvrent le feu et c'est un affreux carnage. Puis l'église est incendiée, comme toutes les maisons du bourg, qui n'est plus dans la soirée qu'un immense brasier. Bien qu'il soit impossible de dénombrer exactement les victimes, on estime que 634 personnes ont péri à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944.
Ce massacre est le seul que la Waffen SS, après la guerre, ait considéré comme une tache à son drapeau. Dickmann se serait rendu coupable de manquement aux ordres et, crime encore plus impardonnable, d'avoir retardé de deux jours la marche de son unité vers la Normandie.
Leur cruauté dépassa, parfois, celle des hommes
Les gardiennes des camps étaient comme les autres. Au début
Irma Grese 1923-1945
Elle débuta à dix-huit ans à Ravensbrück en mars 1943. Elle sévit deux ans à Auschwitz et termina à Belsen. C'était une fille splendide.
Elle avait l'air d'un ange Un ange cruel qui se servait constamment d'un fouet qu'elle portait glissé dans une de ses bottes. Elle semblait jouir de la vue du sang, des cris des victimes, de la terreur qu'elle inspirait, de la haine mêlée de fascination qu'elle suscitait chez les détenues. Elle fut pendue, à l'âge de vingt et un ans, le 12 décembre 1945, par le bourreau anglais Albert Pierrepoint.
Plus redoutées que les hommes
Les Aufseherinnen étaient, en général, de grosses filles bien portantes et solides. Elles n'étaient pas toutes des volontaires ; il y avait aussi parmi elles des requises, astreintes par la loi au travail et qui n'avaient pas choisi celui-là. Beaucoup n'avaient jamais été inscrites au parti nazi. Elles provenaient de toutes les classes de la société allemande. J'ai rencontré en particulier une contrôleuse de tramways, une ouvrière d'usine, une chanteuse d'opéra, une nurse diplômée, une coiffeuse, une paysanne, une jeune fille de la bourgeoisie n'ayant jamais travaillé, une institutrice en retraite, une écuyère de cirque, une ancienne gardienne de prison, une veuve d'officier, etc.
Les débutantes avaient l'air généralement effarées de leur premier contact avec le camp, et elles mettaient quelque temps avant d'atteindre le même niveau de cruauté, de débauche que les anciennes. C'était pour certaines d'entre nous un petit jeu assez amer de chronométrer le temps que mettait une nouvelle avant d'atteindre ses chevrons de brutalité.
Pour une petite de vingt ans qui, le jour de son arrivée, était tellement peu au fait des bonnes manières du camp qu'elle disait pardon lorsqu'elle passait devant une prisonnière et qui avait été visiblement effrayée par les premières brutalités qu'elle avait vues, il a fallu exactement quatre jours avant qu'elle prît ce même ton et ces mêmes procédés qui étaient cependant, d'une façon tout à fait nette, nouveaux pour elle. Cette petite était sans doute particulièrement bien douée pour le registre spécial que nous étudions en ce moment.
Pour les autres, on peut dire que huit à quinze jours, un mois au plus, représentaient une moyenne très normale d'adaptation. J'ai cependant entendu parler d'une très jeune Aufseherin qui n'avait pu s'habituer ni à la débauche de ses collègues ni à leur brutalité. Elle pleurait beaucoup, et elle a fini par partir.
Ilse Koch 1906-1967
Ilse Koch exerça un droit de vie et de mort sur les détenus. Un détenu allemand a déclaré à Nuremberg:
Tous les prisonniers ayant des tatouages reçurent l'ordre de se présenter au dispensaire. Après qu'ils eurent été examinés ceux qui portaient les tatouages les plus intéressants furent tués par piqûres. Leurs corps furent ensuite envoyés au service pathologique, où les morceaux de peau tatouée furent remis à la femme de Koch qui fit fabriquer avec cette matière rare des abat-jour. Cette déposition a paru par la suite sujette à caution. Mais l'extraordinaire cruauté d'Ilse Koch n'est pas douteuse. Elle faisait défiler des hommes nus dans la neige jusqu'à les laisser mourir de froid. Elle faisâit fouetté à mort des prisonniers qu'elle accusait de l'avoir regardée d'une manière lubrique.
Condamnée de nouveau à perpétuité le 15 janvier 1951 par un tribunal allemand, elle s'est suicidée dans sa cellule en 1967.
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