CRÉATION DU NAZISME
Hitler et les Nazis maîtres du IIIe Reich
Engelbert: Le chancelier autrichien, a interdit le partie autrichien. Le 25 juillet 1934, il est assassiné.
Herschel: Juif polonais et jeune chômeur de 17 ans, il tua le 17 novembre 1938, un membre de l'ambassade du Reich à Paris ce qui déclencha La Nuit de Cristal.
André François: Ambassadeur de France à Berlin et observateur lucide, n'a guère été entendu. Il savait qu'Hitler préparait l'invasion de la Rhénanie
8 novembre 1923 : le putsch d’Hitler échoue à Munich.
30 janvier 1933 : Hitler devient chancelier d'un gouvernement de coalition.
23 mars 1933 : le Reichstag vote les pleins pouvoirs à Hitler.
30 juin 1934 : Nuit des longs couteaux.
2 août 1934 : mort d'Hindenburg, Hitler devient Führer.
7 mars 1936 : les troupes allemandes pénètrent en Rhénanie.
12 mars 1938 : l'Allemagne envahit l'Autriche pour rétablir l'ordre. Le lendemain, l'Autriche est déclarée partie intégrante de l'Allemagne.
30 septembre 1938 : Hitler, Chamberlain, Mussolini et Daladier signent les accords de Munich.
9/10 novembre 1938 : Nuit de cristal.
Hitler et les SA défient la loi et l'Etat
Les chemises brunes s'organisent
Une compagnie d'honneur SA pour Hitler
Un jeudi matin, une compagnie d'honneur, formée d'une double haie de SA (sections d'assaut) en uniforme, est déployée devant la grande entrée du tribunal : on attend l'arrivée de Hitler. Lorsque le procureur général se présente pour pénétrer dans le bâtiment, un SA prétend lui barrer le chemin et l'orienter vers la porte de service, la grande entrée étant réservée au Fuhrer. Hitler arrive en voiture et passe en revue, d'un pas lent, les hommes de la compagnie d'honneur qui le saluent le bras tendu. En conclusion, le président du tribunal fera son éloge. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, la scène se passe bien avant 1933, année de la prise de pouvoir nazi : elle a lieu dans la ville de Schweidnitz le 12 juin 1930, à une époque où le parti national-socialiste ne dispose encore au Reichstag, élu en 1928, que de 12 sièges (sur un total d'environ 500), et où de nombreux hommes politiques démocrates n'ont pas encore pris conscience du danger nazi.
Adolf Hitler 1889-1945
Des coups de force musclés des SA
À Schweidnitz le 27 septembre 1929 le parti social-démocrate organise une réunion dans la grande salle du restaurant populaire Volksgarten. L'orateur est député au Reichstag. Le service d'ordre est assuré par 86 hommes. Lorsque le service d'ordre arrive sur place vers 20 heures, de nombreux assistants sont déjà installés, dont 150 nationaux-socialistes qui comptent en leur sein des renforts arrivés en camions ou en voitures de toutes les villes environnantes.
Aucun signe extérieur ne permet de distinguer ces nazis des autres spectateurs, mais ils ont caché dans leurs poches le béret et le brassard des SA et beaucoup d'entre eux portent, dissimulés sous leur vêtement civil, la chemise brune avec un crochet métallique, arme redoutable, en bandoulière. Arrivés suffisamment tôt, ils ont pu occuper des positions stratégiques : la première rangée de tables au bord de l'estrade où doit parler l'orateur, le fond de la salle le long des murs, le centre des tribunes d'où on domine l'assistance, et le voisinage de la porte d'entrée. L'orateur commence son discours devant environ 800 spectateurs. Il est systématiquement interrompu, des cris et sifflements retentissent en maints endroits, les chaises servent de tambours.
La tension monte, des assistants demandent l'expulsion des perturbateurs. Finalement l'un de ceux-ci est frappé. Aussitôt est déclenchée une opération quasi-militaire, casquettes et bandoulières apparaissent immédiatement, ainsi que brassards à croix gammée et chemises brunes : les nazis venus de différents lieux peuvent ainsi se reconnaître. Tout d'abord l'estrade est prise d'assaut : l'orateur et le président de séance disparaissent au plus vite, abandonnant sur leur table montres et documents. Vient le tour des assistants, bombardés à partir de la tribune au moyen de gros verres à bière et attaqués par les SA placés au fond de la salle à l'aide de pieds de tables, de chaises, de boucles de ceinturon. La panique se déclenche, le public se presse vers l'entrée, mais celle-ci a été entre temps encombrée au moyen de chaises, et au passage les fuyards sont systématiquement frappés par un groupe de SA. En moins de dix minutes la salle est vidée. Bilan : des dizaines de blessés, dont un bon nombre de blessés graves conduits à l'hôpital. Les dégâts sont importants : 200 verres à bière, 17 chaises et 3 tables ont été détruits, ainsi que 34 vitres. En outre, 78 chaises et 35 tables ont été endommagées.
À qui profite le crime
27 février 1933, le Reichstag s'enflammait comme une torche
Ce soir du 27 février 1933
Après les élections législatives de 1933, le soir du 27 février, la salle des séances du Reichstag, le parlement allemand, s'enflammait comme une torche. Le lendemain, la police, placée sous l'autorité d'Hermann Goering présentait son suspect: un anarcho-communiste hollandais de 24 ans, le maçon Marinus van der Lubbe. Il avait été pris sur le fait et ses complices communistes étaient en fuite, affirmaient les policiers.
Dès le lendemain, prétextant la menace d'un complot communiste, Hitler imposait au président Hindenburg, un décret qui abolissait toutes les libertés fondamentales dans la République de Weimar. Dans les jours qui suivirent, des milliers d'adversaires des nazis étaient arrêtés. La presse socialiste et communiste était interdite. Gestapo et SS avaient tout pouvoir. On sait ce qu'ils en firent. L'incendie du Reichstag devint, en quelque sorte, l'acte fondateur du IIIe Reich, ouvrant toutes grandes les portes du pouvoir Hitler.
Le procès de Van Der Lubbe
Marinus van der Lubbe
Signé par van der Lubbe, le procès-verbal des interrogatoires, menés sans interprète (van der Lubbe parlait fort mal l'allemand), servit de document à charge. Le suspect y reconnaissait avoir mis le feu au Reichstag.
En moins de trois mois, le cas de Marinus van der Lubbe fut réglé. Il faut dire qu'il n'avait pas fait grand-chose pour se défendre. Et pour cause. La photo prise quatre jours après son arrestation montrait un jeune homme solide et en bonne santé. En revanche, durant tout le procès, il se comporta en automate, incapable d'énoncer une phrase, si ce n'est pour se dire coupable. Des observateurs étrangers affirmèrent alors qu'il était drogué. Déjà, lors de son arrestation dans le Reichstag, la nuit de l'incendie, il avait paru être dans un état second. Condamné à mort le 23 décembre, il fut décapité le 10 janvier 1934.
La manipulation
C'est un van der Lubbe drogué qui aurait été amené, contre sa volonté, dans le Reichstag. Errant dans les couloirs, suffoquant à cause de la fumée et ses habits prenant feu, mais sauvé des flammes, il avait reconnu tout ce que les policiers qui l'avaient arrêté voulaient lui faire avouer. En fait, il est probable que van der Lubbe avait été introduit dans le Reichstag par le portail 2, et qu'on l'avait empêché d'en sortir. Autre invraisemblance : des reconstitutions prouvèrent que ce prétendu coupable ne connaissait ni les lieux ni l'endroit où s'était déclaré le sinistre. Alors, manipulation ? Pourquoi pas.
La purge sanglante. La Nuit des longs couteaux
Nous aiguiserons nos longs couteaux sur le bord des trottoirs
Dans toute l'Allemagne, Hitler, Himmler, Heydrich, Goring ont pris leurs dispositions. Samedi 30 juin 1934, La nuit des longs couteaux commence : mais ce ne sera pas les SA qui en seront les acteurs. Ils n'en seront que les victimes.
Le piège de Munich
Ernst Röhm (ou Roehm) 1887-1934
Dans Munich, autour de la Maison Brune où de nombreux SA sont rassemblés, des SS montent la garde. Ils ont ordre de ne laisser sortir aucun SA. Déjà des voitures chargées de SS filent dans les rues : bientôt des victimes désignées tomberont sous les coups des tueurs de l'Ordre noir. À la gare, des SS envahissent les quais : il s'agit d'arrêter à leur descente du train les chefs SA qui viennent à Munich, convoqués par Röhm afin d'assister à une grande confrontation prévue depuis des mois entre les SA et leur Führer Adolf Hitler. Mais aujourd'hui la réunion n'est plus qu'un piège où va tombé tout l'état-major des SA.
Hitler révolver au poing
La pension Hanselbauer est situé un peu à l'écart, au bord du lac. Dans le silence matinal les SS bondissent, Hitler les suit, revolver au poing. Bientôt les portes sont défoncées, les SS courent dans les couloirs encore sombres, les cris gutturaux éclatent, et déjà les injures. Les chefs SA ensommeillés, menacés de mort, avancent dans les couloirs sous les coups et les hurlements dans la demi-obscurité.
L’arrestation de Röhm
Hitler et de nombreux SS sont rassemblés devant une porte : c'est la chambre de Röhm. Le Führer est là, le revolver au poing. Un policier frappe à la porte, puis le Führer lui-même se met à hurler et quand Röhm questionne, c'est lui qui répond, se précipite : il insulte, il crie à la trahison, il menace, crie à nouveau à la trahison. Röhm est torse nu, son visage est rouge, gonflé par la nuit écourtée. Il se tait d'abord, puis mal réveillé, comprenant lentement, il commence à protester. Hitler hurle, déclare qu'on lui manque de respect, et annonce qu'il met Röhm en état d'arrestation. Et il court vers d'autres chambres cependant que des SS surveillent Ernst Röhm dont la puissance vient de s'effondrer, en quelques minutes, et qui n'est plus qu'un homme corpulent qui s'habille avec difficulté sous les regards ironiques des SS.
Ils tuent, ils fusillent
Heydrich, a reçu aussitôt le mot de passe et immédiatement il le répercute sur ses hommes qui, dans les différentes villes sont dans l'attente. Les voici lâchés. Ils ont reçu leurs enveloppes cachetées et, ce matin, ils brisent les sceaux marqués de l'aigle et de la croix gammée, ils relisent les noms de leurs anciens camarades avec qui ils ont livré bataille et qu'ils sont chargés d'arrêter ou de liquider. Ils découvrent le nom de telle ou telle personnalité, aujourd'hui encore respectée, couverte de titres ou d'honneurs et qu'ils doivent conduire dans un camp ou faire disparaître dans un bois ou une région marécageuse.
À Munich, von Kahr, qui s'était opposé à Hitler, en 1923, est entraîné par des SS ; on retrouvera son corps mutilé. Le révérend père Bernhard Stempfle, qui a, jadis, corrigé Mein Kamnpf, qui connaît certains épisodes de la vie amoureuse de Hitler est, lui aussi, abattu. Kahr et Stempfle s'étaient pourtant retirés de la vie publique : mais, pour les SS, un mort inutile vaut toujours mieux qu'un adversaire oublié. Le critique musical Schmidt est ainsi abattu parce qu'on cherche un autre Schmidt. Qu'importe l'erreur. Il s'agit de liquider, de balayer toute opposition. À Berlin, Otto Strasser, l'un des fondateurs du Parti, est abattu d'une balle dans la cellule où on l'a enfermé. Laissez saigner ce porc, aurait dit Heydrich.
Röhm, dans sa cellule
Un gardien est chargé de conduire les trois officiers SS à la cellule de Röhm, toujours torse nu, semblant avoir perdu toute volonté, il regarde entrer Eicke, qui pose sur la table un revolver chargé d'une seule balle. Puis Eicke se retire. Au bout d'une dizaine de minutes, les SS Lipert et Eicke ouvrent la porte. Lippert, dont la main tremble, tire deux coups de feu ; Röhm a encore le temps de murmurer : Mein Führer ! Mein Führer, puis une nouvelle balle l'achève.
Cependant, à Berlin, les exécutions continuent. Souvent, les victimes ne comprennent pas. Karl Ernst, arrêté, alors qu'il partait en voyage de noces, mourra au cri de : Vive le Führer !
Les exécutions ne cesseront que le lundi 2 juillet 1934. Nul ne pourra donner, avec précision, le nombre des victimes : au moins une centaine, peut-être un millier. Mais il est une victime qui ignore encore son sort : et c'est. L’Allemagne elle-même qui entre dans une longue nuit de meurtres.
Le bluff d’Hitler
Hitler joue au poker et gagne
Le pessimisme des généraux
Adolf Hitler se moque bien des chiffres et des problèmes d'intendance. Il ne croit qu'à son intuition politique, à ce qu'il nomme dans ses discours la Providence et que certains baptisent son génie. Il lance au général Fritsch incrédule : Vos renseignements ne valent rien. Moi je vous dis que l'armée française n'entrera pas en campagne. Nos troupes arriveront en Rhénanie l'arme à la bretelle.
Werner Thomas Ludwig Freiherr von Fritsch 1880-1939
Et c'est alors qu'il prononce la phrase décisive : Si la France réagit, je me suiciderai ! Le Führer rompt l'entretien sur cette déclaration mélodramatique et s'enferme pour réfléchir, pendant deux jours, dans la solitude la plus totale.
Le 6 mars 1936, Adolf Hitler annonce sa décision à ses proches : Je donne l'ordre à nos troupes d'entrer dans la zone démilitarisée. Il a ce regard brillant, presque extatique, qu'ont connu ses plus vieux compagnons, ceux qui se trouvaient avec lui au soir du 8 novembre 1923, lors de cette folle nuit du putsch de Munich. Mais cette fois, Adolf Hitler semble étrangement calme. Il est certain qu'il peut gagner. Qu'il doit gagner.
Gagné ou perdu
C'est le plus grand pari de sa carrière. Jusqu'ici il n'avait lancé de défi qu'à l'Allemagne. En cette aube grise, il provoque le monde entier. Dans quelques heures, il aura gagné ou il aura perdu. La moindre intervention militaire française serait un désastre. La nouvelle Wehrmacht ne donne pas à son chef suprême le droit de se tromper. Mais pour le Führer, il ne s'agit pas de guerre. Il s'agit de bluff.
Maintenant, les troupes allemandes avancent dans la zone démilitarisée. Le colonel Gallenkamp a dressé les plans de l'opération qui réussira à la seule condition de ne se heurter à aucune opposition. Les hommes n'ont même pas perçu de cartouches.
Le bluff réussit
Trois soldats à bicyclette se présentèrent d'abord. Sous le casque d'acier, les visages étaient jeunes, les silhouettes musclées. Un murmure d'approbation monta de la foule massée sur le parvis de la cathédrale de Cologne. La rumeur s'enfla jusqu'à l'extase: l'infanterie allemande arrivait sur la place, défilant au pas de l'oie, dans un ordre impeccable.
Tant que le commandant du détachement passa ses troupes en revue, les spectateurs observèrent un silence religieux et se continrent jusqu'à ce qu'une petite fille offrît au général un bouquet d'oeillets rouges. Ce geste mit fin à la cérémonie. Criant, chantant, déferlant sur la place, la population de Cologne explosait de joie.
Cologne n'était pas la seule ville à connaître cet état de fièvre, ce samedi 7 mars 1936. Deux autres villes de la rive gauche du Rhin virent des scènes identiques au moment où les troupes allemandes franchissaient, de la rive droite, les ponts du fleuve. Pour tous les habitants de la Rhénanie, leur venue revêtait un sens parfaitement clair: Hitler remilitarisait la région et amenait l'armée allemande renaissante aux portes de l'ennemi, la France.
La reculade
En cette tragique journée du 7 mars 1936, à 18 heures, la France n'a encore trouvé qu'une réplique : la réunion d'un nouveau Conseil des ministres. Pierre-Etienne Flandin reçoit ses collègues avec un air plus funèbre que jamais. Les ministres parlent. Ils parlent beaucoup. Mais personne n'est décidé à agir, et surtout pas Albert Sarraut. Le ministre des Affaires étrangères donne le ton de ce lamentable Conseil en annonçant à la presse : La France a pris la décision de ne rien faire sans l'Angleterre, dit Pierre-Etienne Flandin, et de saisir le Conseil de la Société des Nations de la réoccupation de la Rhénanie. C'est la reculade.
Personne ne veut la guerre
Personne ne veut la guerre. Personne ne veut le risque même de la guerre. Le bluff d'Adolf Hitler a parfaitement réussi. Un seul mot d'ordre : ne rien faire.
Le Conseil se contentera de constater que l'Allemagne a violé le pacte de Locarno, mais il se gardera bien de proposer la moindre sanction. Puisque les Français n'ont pas voulu prendre l'initiative d'une riposte, aucun gouvernement étranger n'est décidé à se montrer plus royaliste que le roi.
Anschluss La croix gammée flotte sur Vienne
Le peuple autrichien approuve massivement l'annexion
Le 25 juillet 1934, à Vienne, vers midi, des hommes conduits par le SS Holzweber s'emparèrent par surprise de la Chancellerie, grâce à la complicité du chef de la police. Grièvement blessé, le chancelier Dollfuss fut déposé sur un canapé dans la salle du Congrès. En guise de soins, on le somma de démissionner : il refusa. On posa près de lui une plume et du papier et on le laissa agoniser, le harcelant pour obtenir sa signature. Il mourut à dix-huit heures, sans avoir vu ni le médecin ni le prêtre qu'il réclamait, mais sans avoir capitulé.
Pendant ce temps, les troupes loyales et la police avaient encerclé le Parlement. Dans la soirée, on apprit que Mussolini réagissait violemment à ce coup de force et mobilisait cinq divisions qui partaient se masser à la frontière du Brenner. À dix-neuf heures, les émeutiers se rendaient. La méthode brutale venait d'échouer. Hitler cédait mais la Gestapo allait pouvoir intervenir.
Intimider l'adversaire
Avant de passer à l'annexion de l'Autriche, le Führer recourut à ce qui allait devenir une de ses tactiques habituelles: l'organisation d'une entrevue destinée à malmener et à intimider l'adversaire. En février 1938, il invita donc Schuschnigg, le chancelier autrichien, à venir le rejoindre dans son nid d'aigle de Berchtesgaden. Schuschnigg ne se doutait pas de ce qui l'attendait. Comme il admirait poliment la vue magnifique qu'ils avaient sur les Alpes bavaroises, Hitler l'interrompit brutalement par ces mots: Nous ne sommes pas venus discuter du paysage ou du temps qu'il fait.
Le Führer se lança alors dans un monologue de deux heures dirigé contre Schuschnigg et son gouvernement, qui s'acheva sur un ultimatum. Seyss-Inquart, un avocat viennois profondément nazi devrait être nommé ministre de l'Intérieur et chef de la Sûreté. Les portefeuilles de la Défense et des Finances seraient attribués à des nazis. Schuschnigg fut traité par Hitler avec le plus complet dédain. Grand fumeur, il dut en outre se passer de cigarettes tout au long de l'entrevue en raison de l'aversion du Führer pour le tabac: sa résistance s'en trouva profondément affectée, et il finit par signer l'ultimatum.
Fuites, suicides et arrestations
À Vienne, la foule applaudit les vainqueurs pendant que les Israélites, connaissant les mesures prises en Allemagne contre leurs coreligionnaires, fuyaient ou se suicidaient. De nombreux membres de l'ancienne classe dirigeante autrichienne en firent autant. Le nombre des victimes ne fut jamais publié, mais il est certain qu'il atteignit plusieurs centaines. Il faut y ajouter les nombreuses personnes assassinées par les tueurs nazis pendant les trois premiers jours de l'occupation. Des centaines d'autres furent arrêtées et envoyées dans les camps de concentration, notamment le grand-duc Max et le prince Ernst von Hohenberg, fils de François-Ferdinand. Quant aux socialistes et autres opposants de gauche, ils furent arrêtés en masse. A la mi-avril, on comptait près de quatre vingt mille arrestations, à Vienne seulement.
Enfin, la Gestapo se manifesta par deux assassinats retentissants. L'un était assez inattendu. Le jour même de l'entrée des troupes en Autriche, des agents de la Gestapo enlevèrent le conseiller d'ambassade, baron von Ketteler, qui avait été le conseiller le plus intime de von Papen, alors ambassadeur d'Allemagne à Vienne. Au même moment, von Papen fut relevé définitivement de ses fonctions à Vienne. Il devait, quelque temps après, être envoyé à Ankara. Faisant montre de son habituelle lâcheté, il n'avait pas davantage protesté pour l'assassinat de Ketteler qu'il ne l'avait fait pour ceux d'Edgar Jung et de von Bose, le 30 juin.
Le second assassinat surprit moins : le général Zehner, que le président Miklas avait voulu désigner pour succéder à Schuschnigg, tomba sous les coups des tueurs noirs qui ne lui avaient pas pardonné son opposition au putsch de 1934. Le matin du 12, le major Fey, qui avait pourtant joué un rôle considérable dans le putsch manqué de 1934, se suicidait après avoir tué de ses mains sa femme et son fils.
Entrée triomphale d'Hitler. Le 13 mars, à dix-neuf heures, Hitler fit une entrée triomphale à Vienne.
Vandalisme meurtrier de la Nuit de Cristal
Le lendemain du Pogrom. Conseil de ministres allemands
Conversations nazies après la nuit de cristal
Goebbels : Dans presque toutes les villes allemandes, les synagogues ont été incendiées. On peut utiliser des manières les plus diverses les terrains sur lesquels elles se trouvaient. Certaines villes veulent en faire des jardins, d'autres veulent y construire.
Goering : Combien de synagogues ont été incendiées ?
Paul Joseph Goebbels 1897-1945
Heydrich : 101 synagogues ont été incendiées, 76 ont été démolies, 7 500 commerces ont été détruits.
Goebbels : Je suis d'avis que cela nous donne l'occasion de dissoudre les' synagogues. Toutes celles qui ne sont pas entièrement intactes doivent être démolies par les Juifs eux-mêmes. Les Juifs doivent payer ce travail. Les synagogues incendiées à Berlin seront rasées par les soins des Juifs.
De plus, j'estime nécessaire de publier une ordonnance interdisant aux Juifs de fréquenter les théâtres, les cinémas et les cirques allemands. La situation actuelle nous le permet. Les théâtres sont remplis de toute manière ; c'est à peine si on y trouve de la place. Je suis d'avis qu'il n'est pas possible de permettre aux Juifs de s'asseoir aux côtés des Allemands dans les salles. Par la suite on pourrait peut-être mettre à leur disposition un ou deux cinémas, où ils présenteraient des films juifs.
De plus, il faut qu'ils disparaissent partout de la circulation publique, car ils exercent un effet provocateur. Il est par exemple encore possible aujourd'hui qu'un Juif utilise le même compartiment de wagon-lit qu'un Allemand. Une ordonnance devrait être publiée introduisant des compartiments pour les Juifs, qui ne seraient mis à leur disposition que lorsque tous les Allemands sont assis, et sans qu'ils puissent se mélanger à eux. S'il n'y a pas assez de place, ils doivent rester debout dans le couloir.
Goebbels : Une autre ordonnance doit interdire aux Juifs la visite des villes d'eaux, plages et stations estivales allemandes. Je me demande s'il n'est pas nécessaire d'interdire aux Juifs l'accès de la forêt allemande.
Goering : Bien, nous mettrons à la disposition des Juifs une certaine partie de la forêt. On prendra soin d'y faire venir les différents animaux qui ressemblent bougrement aux Juifs, le cerf a également un nez bien crochu.
Goebbels : Ensuite, il ne faut pas que les Juifs puissent se pavaner dans les jardins allemands. À ce propos, je signale la propagande chuchotée des Juives dans les jardins du Fehrbelliner Platz. Il existe des Juifs qui n'ont pas tellement l'air juif. Ils s'assoient à côté des mères allemandes et des enfants allemands et commencent à rouspéter et à empester l'atmosphère.
Goering : Ils ne disent pas du tout qu'ils sont Juifs.
Goebbels : J'y vois un danger tout particulièrement grave. J'estime nécessaire de mettre à la disposition des Juifs certains squares sûrement pas les plus beaux et de dire : les Juifs ont le droit de s'asseoir sur ces bancs. Ceux-ci sont marqués d'une manière spéciale. Il est écrit dessus : pour les Juifs seulement ! Autrement ils n'ont rien à chercher dans les jardins allemands. Finalement il faut s'occuper de ceci : il se présente aujourd'hui encore des cas où les enfants juifs vont dans les écoles allemandes. J'estime qu'il est impossible que mon garçon soit assis à côté d'un Juif dans un lycée allemand et se voie enseigner l'histoire allemande. Il est absolument indispensable d'éloigner les Juifs des écoles allemandes, et de les laisser se charger eux-mêmes d'élever dans leurs communautés leurs enfants.
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