GARDIENNESDE-CAMPS-SS

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LA CHUTE DU TROISIÈME REICH

L'échange de 1700 juifs

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Heindrich Luitpold Himmler 1900-1945

 

En 1944, les responsables nazis n’y croyaient plus.
Parmi eux, Heinrich Himmler. A cette époque, le chef des SS, mena des négociations secrètes avec le président de la Suisse pour vendre trois mille cinq cents juifs contre cinq millions de francs suisses et la promesse de l’asile politique pour lui et deux  cents autres responsables du régime. 
C’est ce que révèlent des archives du Mi 5, le service secret britannique, rendues publiques fin septembre 1999. Selon ce plan, deux trains devaient transporter les prisonniers juifs vers la Confédération helvétique et les fonds devaient être déposés par les organisations juives dans plusieurs banques suisses. 

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C’est ainsi qu’avec la complicité du général Schellenberg, responsable des services secrets d’Himmler et d’Heinrich Müller, chef de la Gestapo, 1 700 prisonniers juifs du camp de Theresienstadt furent acheminés vers la Suisse. Mais les 1800 autres ne quittèrent jamais le camp de Bergen-Belsen dans lequel ils avaient été choisis : Hitler, averti par Ernst Kaltenbrunner, interdit toute nouvelle évasion.
Le sauvetage des 1 700 juifs fut-il jugé suffisant pour offrir un asile à quelques nazis ? L’argent fut-il versé, en tout ou partie ? Autant de questions auxquelles les archives du MI 5 n’apportent pas de réponses : Himmler, capturé par les Britanniques en mai 1945, se suicida avant d’être interrogé.

 

Réfugiés allemands en Prusse orientale en 1945

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On aura une idée de la panique qui s’empara des Allemands de Prusse Orientale coincés dans les ports de la Baltique à travers les scènes décrites ci-dessous. Elles témoignent de cette obsession qui va peser sur l’attitude des civils et des chefs militaires tout au long de l’agonie de l’Allemagne : échapper aux Soviétiques.

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Le spectacle le plus épouvantable que l’aumônier Dorfmüller vit le 16 janvier 1945 à Pillau, où le sort l’avait fait échouer, fut celui de bébés emmaillotés qui servaient de cartes de priorité aux réfugiés. Au cours  des semaines précédentes, on avait affecté certains navires aux personnes chargées d’enfants, mères, pères ou grands-parents. 
Aussi voyait-on une femme embarquer avec son bébé. Puis le jeter du haut du pont à sa mère, à sa sœur, à son mari demeuré à quai, pour qu’ils montent à leur tour à bord. L’enfant tombait souvent à l’eau entre bateau et môle, ou bien la bousculade enragée de la foule le piétinait à mort, à moins que des inconnus le happent au vol et se servent de lui pour se sauver.

Les déserteurs sont pendus

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Au front, les escouades de policiers et de SS qui patrouillaient à l’arrière rendaient ces désertions quasi impossibles ; mais dans Berlin et autour, particulièrement pour ceux qui y avaient leur domicile, la perspective demeurait séduisante.
 C’était assez facile à réaliser dans la confusion qui régnait à Berlin. II suffisait de s’éclipser discrètement. De rentrer chez soi, de cacher ou de brûler son uniforme et de se revêtir un costume civil. Certains se laissaient pousser les  moustaches et la barbe pour ne pas être reconnus, se décoloraient les cheveux pour paraître plus vieux, ou se mutilaient en se tirant des balles, avec leur propre fusil, à des endroits choisis de leur corps.

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Paul Joseph Goebbels 1897-1945

 

Les autorités essayaient avec frénésie de capturer ces déserteurs, en fouillant systématiquement les maisons, les restaurants, les gares, les stations de métro et les abris antiaériens. Besogne futile, qui se heurtait à l’hostilité des familles, excédés par les bombardements et par la propagande de Goebbels.

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Entre les hurlements de l’artillerie lourde et le sifflement des fusées lancées par les redoutables orgues de Staline, les Russes faisaient de la propagande par haut-parleurs : Arrivez camarades ! Ce soir, nous avons du goulash avec des nouilles !  
Rejoignez-nous et nous vous renverrons dans vos familles ! Un peu de mélancolie ? Des milliers de filles splendides vous attendent à Léningrad !
Mais le bras politique de l’armée allemande empêchait de répondre à de telles invitations. La police militaire et des escouades spéciales de S.S. traquaient les déserteurs et les traînards, pour les traduire devant des cours martiales volantes, qui ne prononçaient pas de condamnations plus légères que la pendaison. A l’arrière du front, des corps pendaient aux arbres, avec des écriteaux : J’étais trop lâche pour me battre. Peu importait aux exécuteurs qu’il fut presque matériellement impossible de combattre dans ce qui se transformaient très vite en retraite générale.

Le désespoir ou la honte

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Des camps pour personnes déplacées  sont installés dans toute l'Europe afin  de gérer les centaines de milliers de personnes rejetées par la guerre comme des épaves. On voit ici une informatrice de la Gestapo, qui essaie d'acquérir une nouvelle identité au camp de Dessau, montrée à la foule.

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La fille du bourgmestre de Leipzig se suicida avec ses parents, en avril 1945, lors de la prise de la ville par les Américains, Le photographe écrivit: Elle avait des dents d'une beauté exceptionnelle.

Capitulation allemande à Berlin

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De Lattre a pour mission de signer, au nom de la France, l’acte de capitulation. Joukov se déclare d’accord, mais l’affaire se gâte quand survient Vichinsky, l’un des maîtres de la diplomatie soviétique. Vichinsky veut bien que de Lattre signe, mais s’oppose à ce que le général américain Spaatz, survenu entre-temps, signe également.

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De Lattre joue alors une admirable comédie. Il affirme que, s’il rentre à Paris sans avoir signé, de Gaulle le fera pendre. Ses interlocuteurs oublient que le supplice de la pendaison n’existe pas en France et finissent par se rendre à ses raisons. 
Tedder et Joukov signeront d’abord. Spaatz et de Lattre signeront ensuite, un peu plus bas que les deux premiers.

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Il va être 23 h 30 quand Keitel, Friedeburg et le général Stumpff, de la Luftwaffe font leur entrée, éblouis par l’intensité des projecteurs dans la salle où va être reçue la capitulation. Plus raide encore qu’il ne l’a jamais été, Keitel brandit son bâton de maréchal. En apercevant de Lattre de Tassigny, il lance : Quoi ! Les Français aussi ! Il ne manquait plus que ça.

Malentendu international

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Le soldat russe croit que la bicyclette de cette femme est à vendre il n'en est rien. Elle se bat pour garder son précieux bien. La scène se passe à Berlin, mais elle pourrait aussi bien se produire dans une autre ville allemande.

Capture des criminels nazis

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Dans la matinée du mercredi 9 mai, près de Berchtes-Gaden, une étrange rencontre eut lieu sur une route de montagne, entre un général américain nommé Stack, de la 36e division du Texas qui avait débarqué en Europe en attaquant les côtes de Provence, et le passager d’une grosse Mercedes du Haut Commandement allemand. 
De la voiture s’extirpa une masse adipeuse, pansue, mafflue, fessue, comprimée dans un éclatant uniforme gris clair à lourds brandebourgs d’or, et l’instant d’après, l’épaisse silhouette bouffie autour de laquelle flottait un persistant de parfum d’eau de Cologne marchait en direction de Stack, brandissant le lourd. Bâton de commandement constellé d’aigles d’or et de croix gammées, réservé aux maréchaux du Reich. 
C’était Hermann Gœring (à droite), second personnage de l’Etat nazi après Hitler et la première question qu’il posa fut celle-ci : Bonjour, général. Maintenant, quand me conduisez-vous à Eisenhower ? 
Il fut emmené à Kitzbühel, en Autriche, où sept colosses texans de la 36e division qui avaient attaqué à Salerne, à Cassino et à Saint-Raphaël, veillèrent jour et nuit à sa porte. L’énorme Goering, qui avait été le créateur de la Gestapo, chef de la Luftwaffe, maréchal du Reich et successeur en titre d’Adolf Hitler, ne rencontra jamais Dwight Eisenhower.

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Quant aux théoriciens des doctrines nazies, devenu ministre des Régions occupées à l’Est, Alfred Rosenberg, il avait purement et simplement été cueilli par des soldats britanniques, dans une chambre d’hôpital du Schieswig-Holstein. 
Mais, pour s’assurer de la capture d’un aussi gros gibier qu’Hans Frank, gouverneur de la Pologne, surnommé le Boucher de Cracovie, une brute spécialisée dans l’assassinat collectif, les Alliés durent s’y reprendre à deux fois en l’arrêtant  au milieu de dix mille autres prisonniers ramassés en Bavière  puis en l’empêchant de succomber à ses blessures, après qu’il eut tenté de se taillader les veines à coups de rasoir.
Frank von Papen, le politicien retors et rusé de la vieille école d’Hindenburg, dernier chancelier du Reich avant Hitler et qui avait livré l’Allemagne aux Nazis. Ne fit quant à lui aucune difficulté, quand des soldats américains surgirent dans la petite cabane, au fond d’une forêt de Wetsphalie, où il s’était réfugié.

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Abandonné de tous, mêlé lui-même à des troupes de fuyards refluant vers l’Elbe dans l’espoir d’échapper aux armées soviétiques, il s’était rasé le crâne et les moustaches, un bandeau noir couvrait son œil gauche. Il portait des vêtements civils. Mais, malgré cela, les Britanniques l’avaient capturé. Alors, quelque chose d’extraordinaire s’était passé. Harcelé de questions sur son identité, le prisonnier avait tout à coup arraché le bandeau qui masquait son visage et, d’une voix tranquille, avait déclaré au capitaine anglais Selvester éberlué : Oui, je suis le Reichsführer Heinrich Himmler.

En ce milieu du mois de juin 1945, un dernier homme ne se trouvait toujours pas dans les prisons alliées, ni russes. Au G.Q.G.,  des Forces britanniques en Allemagne, tout le monde savait néanmoins que Joachim von Ribbentrop se terrait à Hambourg ; mais l’ancien courtier en vins mousseux, élevé à la charge de ministre des Affaires étrangères du Reich, demeurait toujours insaisissable. 

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Le 1er mai 1945 avait marqué la fin de la carrière de Ribbentrop. Dœnitz, le nouveau chef de l’Etat allemand, lui avait annoncé à la fois la mort du Führer et qu’il était désormais relevé de ses fonctions. Pour couper court à de longues discussions, le Grand-Amiral avait dit par téléphone : ne manquez pas de me rappeler si vous voyez quelqu’un à me recommander pour les Affaires étrangères, qui présentent les conditions requises.
Ribbentrop se mit à réfléchir. Et, au bout d’une heure, après avoir fait le tour de toutes ses connaissances, le paon le plus vaniteux de tout le régime des Nazis, téléphona à Doenitz. En toute conscience, il ne pouvait réellement lui proposer qu’une seule personne : c’était lui-même. 
Le tort de Ribbentrop fut de ne pas savoir tenir sa langue. A Hambourg, le matin du jeudi 14 juin 1945, à la suite d’une dénonciation, quatre soldats conduits par le lieutenant Adams, de l’état-major de la 2e armée britannique, firent irruption au cinquième étage d’un immeuble retiré et modeste. Les Anglais frappèrent à la porte. Sans défiance, une jeune femme assez dévêtue leur ouvrit. L’instant d’après, les soldats s’emparaient de Joachim von Ribbentrop, le faux aristocrate, faux diplomate et présentement faux représentant en champagne allemand, tapi dans le lit et recroquevillé sous les draps. 
Sur une chaise se trouvaient un complet croisé de bonne coupe, un chapeau noir a bords roulés et une paire de lunettes de soleil qui avaient permis, pendant un mois et demi, à Ribbentrop, d’échapper aux patrouilles lancées à ses trousses. Le lieutenant Adams fouilla la valise poussée sous une armoire. Outre du linge fin et un nécessaire de toilette en or, celle-ci contenait une grosse liasse de billets de banque, pour une somme d’environ 500.000 marks, ainsi que des lettres adressées à Churchill, Eden et Montgomery, rappelant le bon vieux temps passé dans la capitale britannique.




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