GARDIENNESDE-CAMPS-SS

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CONDITION DES FEMMES SOUS LE TROISIÈME REICH 2e partie

Embrigadement des femmes

Jeunesse et éducation

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Des jeunes filles de la BDM faisant de la gymnastique en 1941.

 

L'éducation des filles n'est pas négligée et les garçons et les filles sont mis sur le même pied dès l'école. Elles sont encouragées à suivre des études secondaires mais peu à peu les cycles universitaires leur seront fermés. Elles doivent effectuer, à partir de 1935, un travail de six mois au bénéfice du service de travail féminin, le Frauenarbeitsdienst. Adolf Hitler lui-même déclare, le 12 avril 1942, que les écoles du Reich doivent rassembler des garçons et des filles issus de toutes les classes pour réunir toute la jeunesse du Reich. Le manuel d'éducation Das kommende Deutschland note que (A) : La Jungmädel (jeune fille) doit connaître la date et le lieu de naissance du Führer, et pouvoir raconter sa vie. (B) : Elle est capable de raconter l’histoire du mouvement et la lutte des SA et des Jeunesses hitlériennes. (C) : Elle connaît les collaborateurs vivants du Führer ; il convient également qu'elles connaissent la géographie de l'Allemagne, ses hymnes ainsi que les clauses du traité de Versailles.

 

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Johann Ludwig (Lutz) Schwerin von Krosigk 1887-1977

 

L'éducation des filles implique également une éducation politique : alors qu'existent déjà des écoles élitistes d'études politiques, les Napola (Nationalpolitische Anstalten), une dévolue aux filles est ouverte en 1939, à Vienne et une autre en 1942, à Luxembourg. Ces instituts n'ont pas vocation à faire rentrer les femmes dans la vie politique mais à doter les meilleures d'un bagage culturel important, d'économie ménagère, de sport et de tir pour pouvoir occuper les postes de direction relatifs aux affaires féminines, et surtout de remplacer les femmes de l'élite nazie, qui selon Hitler aujourd'hui ne sont plus au niveau de leurs maris : elles obtiendraient à leur sortie le titre de Hohe Frau et permettraient de créer des mariages nationaux-socialistes modèles. Cela concerne donc une toute petite minorité. Cependant, le 5 juin 1942, le ministre des Finances Lutz Schwerin von Krosigk, un homme politique conservateur, menace de couper les crédits à cette seconde école, si elle ne devient pas un simple internat pour adolescentes, rejetant toute éducation politique des filles. Adolf Hitler en décide autrement le 24 juin 1943, en promettant la construction de trois nouvelles Napola.

 

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Membres de la BDM en camp de vacance à Wuxi, en République de Chine, en 1934.

 

Alors que les Jeunesses hitlériennes sont dévolues à organiser la vie extra-scolaire des adolescents masculins, les Jungmädelbund s'occupent des adolescentes de 10 à 14 ans et les Bund Deutscher Mädel (BDM), celles de 14 à 18 ans. Fondé en 1934, le mouvement est obligatoire à la suite de la loi du 1er décembre 1936. Il est dirigé de 1934 à 1937 par Trude Mohr, puis de 1937 à 1945 par la psychologue Jutta Rüdiger. Les jeunes filles sont amenées à certains travaux (œuvres sociales, sanitaires) ou agricoles (l’Ernteeinsatz, l'aide aux moissons) et faire du sport ; mais étonnement, comme le montre le manuel d'éducation Das kommende Deutschland, les performances physiques demandées sont parfois les mêmes que celles des garçons (par exemple, courir 60 mètres en moins de 12 secondes). Chaque mercredi soir, pour les filles de 15 à 20 ans, ont lieu les « soirées du foyer », pour discuter d'art et de culture. Des camps de vacances (une semaine en été), en Allemagne ou à l'étranger sont organisés. Il existe également un service obligatoire de six mois, le Reichsarbeitsdienst der weiblichen Jugend (Service National du Travail de la Jeunesse Féminine), complété en 1941 de six mois supplémentaires avec le Kriegshilfsdienst (pour l’effort de guerre). Pour les jeunes filles de 18 à 25 ans souhaitant trouver un travail est instituée en 1938 la Pflichtjahr, une année obligatoire de service agricoles et domestiques.

 

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L'embrigadement de cette jeunesse, qui se poursuit dans l'âge adulte n'est donc pas vraiment conservateur mais plutôt révolutionnaire : on ne cantonne pas les futures femmes à un rôle mal défini de femmes aux foyers comme autrefois mais on tient à ce qu'elles soient éduquées comme les garçons dans le culte de la patrie pour, une fois adulte, devenir des femmes allemandes idéales. Ainsi, on les arrache au giron familial.

 

Vie adulte

Si le NS-Frauenschaft exerce clairement un ascendant renvoyant les autres organisations à des branches subalternes, il est à noter qu'il existe aussi les Associations de bienfaisance national-socialiste (NSV), l'Œuvre de la femme allemande (Deutsches Frauenwerk) et ses annexes, l'aide pour la mère et l'enfant (Hilfswerk Mutter und Kind) ou encore la Section féminine du Front allemand du travail (Frauenamt der Deutschen Arbeitsfront)

 

Le NS-Frauenschaft

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Drapeau du Service du travail féminin (Frauenarbeitsdienst).

 

Les femmes peuvent être membres du NSDAP, mais les débuts du parti n'admettent que des membres utiles (infirmières, cuisinières par exemple). On compte ensuite 5 % de femmes en 1933 et 17 % en 1937. Mais depuis octobre 1931 existe le NS-Frauenschaft (NSF), l'organisation politique des femmes nationales-socialistes, qui vise avant tout à promouvoir l'idéal de la femme modèle du Troisième Reich ; à l'origine, elle était charger de l'enseignement ménager. Les jeunes filles le rejoignent dès 15 ans. Le 31 décembre 1932, la NSF compte 109 320 membres. En 1938, elle en compte 2 millions, correspondant à 40 % du nombre total des membres du parti. La NSF est dirigée par Gertrud Scholtz-Klink, qui porte le titre de Reichsführerin ; elle appelle les membres mes filles et acquiert sur elles une forte influence et un certain crédit. Ses vues rejoignent évidemment celle d'Adolf Hitler sur la femme, mais elle défend néanmoins l'accès pour certaines à des fonctions à responsabilité. Elle ne participe pas aux grandes réunions du parti mais est invitée aux congrès.

 

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Des livres d'éducation sont édités dès 1934, souvent supervisés par la médecin Johanna Haarer, auteur notamment de La mère allemande et son premier bébé, largement diffusé et promouvant le rôle moteur de la mère allemande dans le régime en construction, ou Mère, parlez-lui d'Adolf Hitler (Mutter, erzhäl von Adolf Hitler), pour amener les femmes à inculquer à leurs enfants les valeurs du national-socialisme : « Vous devez encore tirer, vous, enfants, une leçon de la longue histoire que je vous ai racontée : vous, Fritz et Hermann, devez d’abord devenir des jeunes gens pleinement allemands, qui occupent leur place dans la Jeunesse hitlérienne, et plus tard des hommes allemands capables et courageux, afin que vous aussi soyez dignes d’avoir Adolf Hitler pour guide. Toi, Gertrud, tu dois être une vraie jeune fille allemande, une authentique jeune fille BDM, et plus tard une vraie femme et mère allemande, afin que toi aussi tu puisses à chaque instant regarder le Führer dans les yeux.

L'éducation ménagère est promue à travers le Frauenwerk (Œuvre féminine allemande), qui ouvre aux femmes « ethniquement pures des cours thématiques. On remarque néanmoins que si elles sont nombreuses aux cours d'éducation domestique, de gymnastique et de musique, elles désertent ceux qui visent à un enseignement antireligieux.

La NS-Frauenschaft ne joue aucun rôle politique et ne s'oppose pas à la perte des droits des femmes durement acquis. Elle défend le rôle de la mère de famille au foyer, consciente de ses devoirs au sein de la communauté du peuple. Pour autant, le cantonnement des femmes dans la sphère privée ne doit pas occulter leurs responsabilités sous le IIIe Reich : on sait aujourd'hui que le Frauenbewegung (mouvement féminin) a pensé la place sociale de la femme au sein d'une communauté qui exclut les Juifs et exerce une mission civilisatrice en Europe de l'Est occupés pour préserver la race. Claudia Koonz note elle que l’État nazi avait permis aux femmes de créer la plus grande organisation de toute l’histoire du féminisme, et cela avec la bénédiction d’un parti qui professait des idées d’un machisme flagrant. 

 

Les femmes et les églises

En 1933, la majeure partie des associations féminines sont soit dissoutes, soit regroupées dans de plus grandes. Néanmoins, les associations religieuses (catholique et protestante) subsistent, et les réunions aux presbytères de leur paroisse ou les œuvres de charités demeurent alors des champs sociaux important pour ces croyantes.

 

Seconde Guerre mondiale

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À compter de 1943, le ministère de l'Économie introduisit le Berufsausbildungsprogramm Ost, programme de service du travail pour les territoires de l'Est : il étendait, pour les membres de la Ligue des Jeunes Filles allemandes de la section Osteinsatz, les lois en vigueur dans le Reich allemand concernant la protection des mineurs et de l'emploi. Ces jeunes berlinoises, ici employées dans la Marche de Brandebourg pour des travaux agricoles, allaient donc pouvoir agir dans les zones de repeuplement à l'Est, comme leur revue Das Deutsche Mädel les y incitait.

 

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, contrevenant temporairement à leurs affirmations passées (Adolf Hitler affirmait ainsi lors d'un discours devant des militantes du NS-Frauenschaft, le 13 septembre 1936 :  Tant que nous possédons une génération d'hommes en bonne santé et nous, nationaux-socialistes, allons y veiller l'Allemagne ne formera aucune section de lanceuses de grenades et aucun corps de tireuses d'élite), les nationaux-socialistes permettent à des femmes de rejoindre l'armée allemande. Elles ne combattent pas mais sont considérées comme des auxiliaires militaires, responsables des domaines logistiques ou administratifs, cela en raison du manque d'hommes, principalement envoyés au combat. D'autres également travailleront en usine ou dans l'enseignement militaire. Militaires, membres de la Reichsbahn (compagnie nationale des chemins de fer) ou de la Feuerwehr (pompiers), celles-ci portent des uniformes adaptés, notamment avec une jupe. Gertrud Scholtz-Klink déclare : On entend souvent encore de la part des femmes les objections les plus diverses contre un travail dans les usines d'armement. La question de savoir si l'on peut demander ce travail à telle ou telle femme est aujourd'hui bien dépassée. Même, faisant référence au décret de janvier 1943, mobilisant les Allemandes de 17 à 45 ans, elle déclare en septembre de la même année, lors d'une conférence à Bad Schlachen : Les femmes éduquées par la ligue féminine et mises à la disposition de la Wehrmacht ne doivent pas seulement dactylographier et travailler, mais aussi être des soldats du Führer.

 

Dans son discours du Sportpalast prononcé le 18 février 1943 au palais des sports de Berlin, le ministre de la Propagande Joseph Goebbels exhorte les Allemandes au travail et à la sobriété :

À quoi servent les salons de beauté qui encouragent le culte de la beauté et qui prend une quantité énorme de notre temps et de notre énergie? Ils sont superbes en temps de paix, mais une perte de temps en temps de guerre. Nos femmes et nos filles seront capables d’accueillir nos soldats victorieux sans leurs beaux atours de temps de paix.

C’est pourquoi nous embauchons les hommes qui ne travaillent pas dans l’économie de guerre et les femmes ne travaillant pas du tout. Ils ne peuvent pas et n’ignoreront pas notre demande. Le devoir des femmes est large. Ceci ne veut toutefois pas dire que seulement celles incluses dans la loi doivent travailler. Tous sont bienvenus. Plus de gens joignent l’effort de guerre, plus nous pouvons libérer des soldats pour le front.

Pendant des années, des millions de femmes allemandes ont travaillé avec brio en production de guerre et elles attendent impatiemment d’être rejointes et assistées d’autres femmes.

Particulièrement à vous les femmes, voulez-vous que le gouvernement fasse tout en son pouvoir pour encourager les femmes allemandes à mettre toutes leur forces au travail pour supporter l’effort de guerre, et pour laisser partir les hommes pour le front lorsque possible, aidant ainsi les hommes au front ?

 

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Albert Speer 1905-1981 lors de son procès en 1946. Il fut condamné à 20 ans de prison

 

Les grandes crises et bouleversements de la vie nationale nous montrent qui sont les vrais hommes et femmes. Nous n’avons plus le droit de parler du sexe faible, puisque les deux sexes démontrent la même détermination et la même force spirituelle.

 

La mobilisation des femmes dans l'économie de guerre reste toutefois limitée : le chiffre des femmes exerçant une activité professionnelle en 1944 est quasiment inchangé par rapport à 1939, soit 15 millions ; contrairement à la Grande-Bretagne, la mise à l'emploi des femmes ne progresse pas et seules 1 200 000 d'entre elles travaillent dans l'industrie d'armement en 1943, avec des conditions de travail très dures et souvent mal accueillies par les patrons, qui déplorent leur manque de qualification. Le ministre Albert Speer considère toutefois que cette politique aurait dû être plus approfondie : Hitler aurait pu avoir sans difficulté au milieu de l’année 1941 une armée deux fois mieux équipée si seulement les mêmes mesures que celles qui avaient cours pour le travail féminin en Angleterre et aux États-Unis avaient été appliquées. Cinq millions de femmes aurait alors été disponibles pour l’industrie de l’armement ; et, avec trois millions de soldats en plus, Hitler aurait pu faire former de nombreuses divisions.

 

Dans l'armée (Wehrmacht)

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Auxiliaires féminines de la Wehrmacht à Paris durant l'occupation (1940).

 

On compte, en 1945, 500 000 auxiliaires féminines dans l'armée allemande (Wehrmachtshelferinnen), que ce soit au sein de la Heer, de la Luftwaffe ou de la Kriegsmarine. Environ la moitié d'entre elles se sont portées volontaires, les autres ayant effectué un service obligatoire lié à l'état de guerre (Kriegshilfsdienst). Elles faisaient partie, au même titre que les prisonniers de guerre volontaires (Hiwis), du personnel auxiliaire de l'armée (Behelfspersonal) et elles ont été affectées non seulement au sein du Reich, mais également, dans une moindre mesure, dans les territoires occupés, comme par exemple dans l'administration du territoire polonais, en France, et plus tard en Yougoslavie, en Grèce et enRoumanie.

Elles ont essentiellement exercé :

Comme opératrices de téléphonie, de télégraphie, de transmissions.

Comme employées administratives, dactylographes et messagères, dans la défense anti-aérienne, comme opératrices d'écoute, servantes des projecteurs de DCA, employées des services de météorologie, auxiliaires de la protection civile, dans le service de santé militaire, comme infirmières bénévoles de la Croix-Rouge allemande ou d'autres organismes de bienfaisance.

 

Dans la SS

La SS-Gefolge est le pendant féminin des  masculins (elles ne sont pas considérées comme des SS, mais des auxiliaires des SS), sur la base du volontariat, puis avec la durée de la guerre, au Service d'urgence (Notdienstverpflichtung). Les femmes SS appartiennent soit à la SS-Helferinnen, soit à la SS-Kriegshelferinnen. Les premières sont formées dans une école spéciale, les autres bénéficient d'une formation plus courte. Elles sont littéralement des auxiliaires chargées des transmissions (téléphone, opératrices radio, sténographes) au sein de la SS et parfois dans des camps (il s'agit d'Aufseherin. Il existe une hiérarchie interne à la SS-féminine, qui n'a donc pas de valeur sur les troupes masculines, bien que les termes désignant les titulaires parfois se rejoignent.

 

Une Reichschule SS (Reichsschule fïir SS Helferinnen Oberenheim), centre de formation pour la SS, mais ici réservé aux femmes, ouvre ainsi à Obernai en mai 1942, sur l'ordre d'Heinrich Himmler. La formation est plus dure que pour les femmes enrôlées dans l'armée allemande, la Wehrmacht. En effet, elles devaient répondre à certains critères physiques, étant destinées à servir d'épouses modèles conformes aux canons physiques décidés par le régime : il faut être âgée de 17 à 30 ans et mesurer plus d'1,65 m, bien que sur le long terme, les conditions d'inscription fussent assouplies (limite d'âge portée à 40 ans et taille à 1,58 m), jusqu'à accueillir quinze élèves musulmanes. Étaient à l'origine privilégiées les veuves de guerre avant de s'étendre à d'autres classes sociales. L'école ferme en novembre 1944, à cause de l'avancée des troupes alliées.

 

Dans les camps

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Dessin représentant une Aufseherin (gardienne de camps en uniforme.

 

Des femmes sont également employées dans l'encadrement des camps de concentration nazis : ce sont les Aufseherin, appartenant généralement à la SS. Elles sont gardiennes, secrétaires ou infirmières. Il ne faut pas attendre le début de la guerre pour les voir arriver, certaines étant formées dès 1938 à Lichtenburg (à la suite du besoin de personnel consécutif à l'augmentation du nombre de prisonniers politiques après la Nuit de Cristal des 8 et 9 novembre 1938) ; après 1939, elles s'entraînent au camp de Ravensbrück, près de Berlin. Venant le plus souvent de classes sociales basse ou moyenne, elles exerçaient auparavant des professions classiques (coiffeuse, institutrice par exemple) mais restent, à l'inverse des hommes où le service est obligatoire, mues par un désir sincère de rejoindre le corps féminin SS, le SS-Gefolge. Sur les 55 000 gardiens de tous les camps nazis, on compte 3 600 femmes (soit environ 7 % des effectifs) ; néanmoins, aucune femme n'est autorisée à donner d'ordres à un homme.

 

Elles intègrent des camps à partir de 1942 (Auschwitz et Majdanek). L'année suivante, les Nazis commencèrent la conscription de femmes en raison de la pénurie de gardiens. Plus tard, durant la guerre, des femmes s'entraînèrent aussi à une échelle moindre dans les camps de Neuengamme, Auschwitz (I, II et III), Plaszow, Flossenbürg, Gross-Rosen, Vught et Stutthof, mais ne servirent jamais dans les camps d'extermination de Belzec, Sobibór, Treblinka ou Chelmno. Sept Aufseherinnen servirent à Vught, 24 servirent à Buchenwald, 34 à Bergen-Belsen, 19 à Dachau, 20 à Mauthausen, 3 à Dora-Mittelbau, 7 à Natzweiler-Struthof, 20 à Majdanek, 200 à Auschwitz et ses camps annexes, 140 à Sachsenhausen, 158 à Neuengamme, 47 à Stutthof, à comparer aux 958 qui servirent à Ravensbrück, 561 à Flossenbürg et 541 à Gross-Rosen. Beaucoup de surveillantes travaillaient dans les camps annexes en Allemagne, quelques-unes en France,Autriche, Tchécoslovaquie et Pologne.

 

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Il existe une hiérarchie au sein des Aufseherin, les dernières étant évidemment les plus hautes :

Rapportaufseherin (chef Aufseherin)

Erstaufseherin (première gardienne)

Lagerführerin (chef de camp)

Oberaufseherin (inspectrice senior), poste seulement occupés par Anna Klein et Luise Brunner

 

Les femmes membres des minorités discriminées

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Femmes juives emmenées par des soldats allemands hors du ghetto de Varsovie, vers la déportation.

 

Alors que sous la République de Weimar le chômage de masse conduit de nombreuses personnalités politiques à critiquer le travail des femmes, les femmes juives doivent en plus supporter les reproches antisémites inhérents à leur identité.

 

Au même titre que les hommes Juifs ou Tsiganes, les femmes de ces communautés sont également discriminées, puis déportées et pour certaines exterminées. Mise en lumière, l'idéologie nazie poursuit ainsi vis-à-vis des femmes un double objectif : accroître le potentiel humain du Reich, et par conséquent sa puissance cela grâce aux Aryennes, épouses et mères, mais en même temps créer cet homme nouveau dont la puissance devait constituer, selon Hitler, la véritable tâche historique du national-socialisme ce en quoi les Juifs et d'autres minorités étaient exclus et devait par conséquent disparaître : la stérilisation, l'eugénisme voire l'extermination se trouvent dès lors justifiés.

 

Il existe dans la plupart des camps des secteurs pour les détenues féminines (notamment à Auschwitz et Bergen-Belsen) mais le camp de Ravensbrück, ouvert en mai 1939, se distingue en étant un camp exclusivement féminin, comptabilisant jusqu'en 1945 environ 100 000 prisonnières. Un premier camp de concentration féminin avait été ouvert en 1933 à Moringen, avant d'être transféré en 1938 à Lichtenburg. S'il n’y a pas de discrimination sexuelle face à cela, la mortalité féminine demeure, selon des études, plus élevée : elles représentent environ les 2/3 des Juifs et 56 % des Tsiganes exterminés. La politique eugéniste mise en place par le régime concerne 20 % de la population allemande, soit 12 millions d’habitants, bien qu’au final, seulement 1 % d’hommes et de femmes ont été stérilisés : ces stérilisations avaient pour cause : La déficience mentale (reconnue ou suspectée) ; en prévision de viols (maisons closes des soldats) ; pour comportement hétérosexuel irrégulier ; pour celles qui ont la capacité et la volonté d’obtenir un emploi ; pour celles qui veulent obtenir un emploi. Au même titre que les hommes, des femmes handicapées sont victimes du Programme Aktion T4.

 

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Dans les camps d'extermination, considérées comme plus vulnérables que les hommes, elles sont généralement envoyées plus rapidement vers les chambres à gaz, alors que la force des hommes est employée à des travaux jusqu'à épuisement. Certaines sont également soumises à des expériences médicales. Nathalie de Voghelae note que les travaux forcés sont tellement durs que les fausses couches sont fréquentes. De plus, selon le témoignage d'un médecin interné à Buchenwald, 100 % des femmes ne sont plus réglées après seulement quelques mois de détention. Cependant, le processus reprend son cours après leur libération.

 

Certaines prennent la voie de la Résistance, comme la polonaise Haïka Grosman, qui participe à l'organisation du soulèvement du ghetto de Białystok, dans la nuit du 15 au 16 août 1943. Le 7 octobre 1944, des membres du Sonderkommando, 250 prisonniers responsables des corps des personnes après gazage, se soulèvent ; ils s'étaient procuré des explosifs subtilisés par un Kommando de jeunes femmes juives (Ala Gertner, Regina Safir, Estera Wajsblum et Roza Robota) travaillant dans les usines d'armement de l'Union Werke. Ils réussirent à détruire partiellement le crématoire IV.

 

Des femmes contre le Troisième Reich

Outre les résistantes acculées à cet engagement en raison du risque qu'elles courent à être déportées et exterminées en raison de leur appartenance raciale, certaines Allemandes s'engagent également contre le régime national-socialiste, représentant environ 15 % de la Résistance. Monique Moser-Verrey note cependant : Si l'on peut dire que parmi les minorités persécutées les femmes sont plus souvent épargnées que les hommes, c'est que leur statut inférieur dans une société dominée par les hommes n'en fait pas pour le régime des ennemies de taille, mais ce sont elles qui comprennent qu'il faut fuir ou se cacher bien avant leurs conjoints malmenés dont l'insertion sociale est cependant plus complète.

 

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L'étudiante communiste Liselotte Herrmann proteste dès 1933 contre la nomination d'Adolf Hitler au poste de chancelier et réussi à faire passer aux gouvernements étrangers des informations sur le réarmement de l'Allemagne ; elle est arrêtée en 1935, condamnée à mort deux ans plus tard et exécutée en 1938 : elle est alors la première mère allemande à subir la peine capitale depuis le début du régime. Vingt femmes venant de Düsseldorf, qui étaient venus voir les pères, frères ou fils déportés au camp de Börgermoor, réussissent à exfiltrer le fameux Le Chant des déportés et à le faire connaître. Freya von Moltke, Mildred Harnack-Fish et Libertas Schulze-Boysen participent au groupe résistant du Cercle de Kreisau et l'Orchestre rouge ; les deux dernières seront arrêtées et exécutées. L'étudiante de 20 ans Sophie Scholl, membre de La Rose blanche est exécutée le 22 février 1943 avec son frère Hans Scholl et Christopher Probst, pour avoir diffusé des tracts. La résistante Maria Terwiel aide à faire connaître le célèbre sermon condamnant les malades mentaux, de Clemens von Galen, évêque de Münster, ainsi qu'à faire passer des Juifs à l'étranger ; elle sera exécutée le 5 août 1943. On pourra en février 1943 en outre noter la manifestation, dite de la Rosenstraße, à l'issue de laquelle des femmes racialement aryennes mais mariées à des Juifs obtiennent la libération de leurs époux. Individuellement, on relève des cas de femmes récompensées par le régime, donnant leur croix d'honneur de la mère allemande à des mères juives pour tromper les autorités.

 

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Des femmes luttent également de l'étranger, comme Dora Schaul, une communiste qui avait quitté l'Allemagne en 1934 et qui participe à partir de juillet 1942 aux réseaux clandestins Deutsch-Arbeit (Travail allemand) et Deutsche-Feldpost (Poste de campagne allemande), à partir de l'École de Santé militaire de Lyon. Hilde Meisel tente dès 1933 de galvaniser l'opinion anglaise contre le régime national-socialiste ; elle revient en Allemagne pendant la guerre mais est exécutée au détour d'une route.

 

Vie mondaine et cercles de pouvoirs

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Si sous le Troisième Reich les femmes n'ont plus de pouvoir politique, un cercle d'influence existe autour d'Adolf Hitler. Celui-ci, qui était ami avec la britannique Unity Mitford fait de Magda Goebbels, l'épouse du ministre de la Propagande Joseph Goebbels, la Première dame du Troisième Reich, elle représente le régime lors des visites d'État et des sorties officielles. Déjà, le 19 décembre 1931, son mariage avec Goebbels avait été considéré comme un évènement mondain, auquel est notamment conviée Leni Riefenstahl. Il lui incombe de se poser en modèle de la mère allemande lors de la fête des Mères. Eleonore Baur, amie avec Hitler depuis 1920 (elle a participé au putsch de la Brasserie) est la seule femme à recevoir l'Ordre du sang ; elle participe également à plusieurs réceptions officielles et est proche d'Heinrich Himmler, qui la nomme même colonel SS et lui permet d'accéder librement aux camps de concentration, ce qu'elle fait régulièrement, notamment à celui de Dachau. Malgré des relations psychologiquement confuses avec les femmes de son cercle amoureux et sexuel, Hitler n'oublie pas qu'il doit une partie de son ascension politiques à des femmes qui l'ont intégré dans les milieux mondains (nobles et industriels), comme Elsa Bruckmann (en raison, pour Joachim Fest, que ces femmes représentaient le plus souvent une classe sociale vieillie et usée dans les raffinements de l’existence, et elles étaient précisément avides de ce genre de sensations qu'Hitler pouvait leur offrir : son extrémisme, l'illogisme grossier de ses conceptions, mais aussi son inexpérience du beau monde et sa mauvaise éducation) et que son célibat a participé à l'admiration que lui vouait une grande part de ses électrices, cela participe certes d'une mise en scène d'Hitler, que Friedrich Reck-Malleczewen compare à un escroc au mariage cherchant à duper des cuisinières en mal d'amour, mais fonctionne : L'attente impatiente de l'instant du défoulement, de la grande libération, au milieu des cris démentiels de la foule, révélait d'éclatante façon le caractère érotique de ces manifestations et leur ressemblance inconstable avec les accouplements publics de certaines tribus primitives. Néanmoins, pour l’historienne Anna-Maria Sigmund cette partie de cette haute-société fonctionne en vase clos : À cela veille la censure efficace et rigoureuse du Dr. Josef Goebbels à l’encontre du moindre regard indésirable posé sur la sphère privée des dirigeants. Ainsi n'y avait-il que de rares rumeurs, secrètes, que l’on répandait au péril de sa vie : la cour d’Hitler formait une société hermétiquement close et exclusive.

 

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Dans certains domaines, des femmes arrivent également à se distinguer, mais elles font figure d'exceptions qui confirment la règle. À cet égard, l’attitude d’Hitler est ambivalente : Il lançait des propos virulents et provocateurs mais encourageait en même temps avec force des carrières féminines. Ainsi, Leni Riefenstahl est la réalisatrice officielle du régime et se voit dotée de moyens énormes pour réaliser ses productions cinématographiques (pour Le Triomphe de la volonté ou Les Dieux du stade). Winifred Wagner, elle, dirige le très médiatique festival d'opéra de Bayreuth, et la soprano Elisabeth Schwarzkopf s'impose comme la diva nazie, comme le note un journal américain, alors que la chanteuse Lale Andersen travaille pour la propagande de Goebbels, que l'actrice Zarah Leander devient une égérie du cinéma allemand et que l’architecte Gerdy Troost se voit confier certains projets. Hanna Reitsch, une pilote émérite, se distingue dans son maniement des avions d'essais (elle est la première femme au monde à devenir commandant de bord et pilote d'hélicoptère) et des projets militaires du régime, notamment le ; elle également la seule femme avec la pilote Melitta Schiller le prestigieux Insigne de pilote-observateur en Or avec diamants.

 

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En définitive, si Hitler critique les femmes en public, il peut se laisse aller à plus de modération en privé : On dit que les femmes ne sont pas créatives. Mais il y a eu une grande femme, et cela m’agace que les hommes ne lui rendent pas justice : Angelika Kauffmann était un des plus grands peintres. Que serait devenu Siegfried Wagner s’il n’avait as eu près de lui  sa mère, Cosima, ainsi que sa compagne tout aussi importante, Winifred ? Mais ces avis demeurent le fait de femmes talentueuses éloignées de la femme allemande traditionnelles ; en ce sens, elles font partie d’une élite protégée qu’il n’est pas forcément pertinent de mettre au même plan que les directives imposées généralement aux femmes : Pendant leIIIe Reich, les dames étaient l’ornement bienvenu des réceptions à la chancellerie ou à la cour de Hitler. Sinon, il était souvent question de la femme à la terre et au rouet. Autant de slogans que les femmes de l’élite nazie ne prenaient pas pour elles. Même la louche est l’arme de la femme ne les touchait guère, puisque la plupart laissant cette activité à leur personnel. Les épouses des dignitaires et des ministres sont ainsi vivent et se comportent souvent à l’inverse certes uniquement dans leur vie privée des préceptes du national-socialisme ; Anna-Maria Sigmund note ainsi : en réalité, personne n’a moins correspondu à l’idéal nazi de la femme que les épouses, compagnes et amies des dirigeants nationaux-socialistes. Eva Braun n’avait pas l’intention de renoncer aux vêtements de haute couture ou au maquillage, elle pratiquait le body-building et faisait de la photo.

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Margarete Himmler, l'ancienne infirmière, méprisait bien trop son mari pour prendre ses idées au sérieux. Emmy Göring avait tracé son chemin de comédienne, et Carin Göring était l’exemple même de l’agitatrice politique. Henriette von Schirach s’engagea pour la régénération de la culture viennoise, et les dirigeants nazis féminins moins connus, mais d’une activité sans relâche, se tenaient rarement, sinon jamais, devant le fourneau domestique. Même la figure de proue nationale-socialiste Magda Goebbels s’écarta de la ligne officielle du parti pour défendre avec véhémence les droits des femmes. Seules certaines, comme Gerda Bormann satisfont par ailleurs les quotas d’enfants demandés par foyer : elle en donne ainsi neuf à son mari Martin Bormann, secrétaire particulier du Führer et lui propose même de faire promulguer une loi instaurant la bigamie dans les ménages afin que les femmes honorables ne soient pas condamnées à ne pas avoir d'enfants si leur mari venait à tomber à la guerre : cette position reçoit un certain écho parmi les dirigeants masculins, notamment Heinrich Himmler qui élabora des directives concernant une nouvelle législation du mariage et la suppression de la monogamie, et on pourrait voir dans le Lebensborn une préfiguration de cette politique à venir. 




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