GARDIENNESDE-CAMPS-SS

GARDIENNESDE-CAMPS-SS

LA VIE DANS LE TROISIÈME REICH

La nazification de la culture

PHOTO 1.jpg

 

Le soir du 10 mai 1933, environ quatre mois et demi après qu'Hitler fut devenu chancelier, une scène se déroula à Berlin comme on n'en avait pas vu dans le monde occidental depuis le Moyen Age. Vers minuit, une retraite aux flambeaux dans laquelle défilaient des milliers d'étudiants vint s'arrêter sur une place d’Unter den Linden, en face de l'Université de Berlin. A l'aide des torches, le feu fut mis à un énorme tas de livres rassemblés là et, quand les flammes montèrent, d'autres livres furent jetés dans le brasier, et finalement quelque vingt mille volumes furent brûlés. L'incendie des livres avait commencé.

Parmi ces livres jetés dans les flammes à Berlin ce soir-là par de joyeux étudiants, sous l'oeil approbateur du docteur Goebbels, il y en avait qui avaient pour auteurs des écrivains de réputation mondiale.

 

PHOTO 1.jpg

 

Suivant les termes d'une déclaration d'étudiants, était condamné à être détruit par les flammes tout livre qui a une action subversive sur notre avenir ou porte atteinte aux racines de la pensée allemande, du foyer allemand, et des forces motrices de notre peuple.
Le docteur Goebbels, nouveau ministre de la Propagande, qui allait à partir de ce moment, mettre la culture allemande dans la camisole de force nazie, s'adressa en ces termes aux étudiants, tandis que les livres étaient réduits en cendres : L'âme du peuple allemand peut de nouveau s'exprimer. Ces flammes n'illuminent pas seulement la fin définitive d'une ère; elles éclairent aussi l'ère nouvelle.

 

PHOTO 1.jpg

Joseph Goebbels ministre de la Propagande nazie

 

La nouvelle ère nazie de la culture allemande n'était pas seulement éclairée par les feux de joie de livres et par les mesures plus efficaces, bien que moins symboliques, d'interdiction de vente ou de mise en circulation dans les bibliothèques de centaines de volumes et de publication de nombreux ouvrages nouveaux, mais aussi par la réglementation de la culture à un degré qu'on n'avait encore jamais connu dans aucune nation occidentale. Dès le 22 septembre 1933, une loi instituait la Chambre culturelle du Reich, sous la direction du docteur Goebbels. Son but était légalement défini comme suit : En vue de poursuivre une politique de culture allemande, il est nécessaire de rassembler dans une organisation unifiée placée sous la direction du Reich les artistes créateurs de toutes les sphères. Le Reich doit non seulement déterminer les méthodes à suivre, tant sur le plan mental que spirituel, mais encore diriger et organiser les carrières libérales.
Sept chambres dépendant de la Chambre culturelle furent instituées afin de contrôler toutes les sphères de la vie culturelle : ce furent les Chambres des beaux-arts, de la musique, du théâtre, des lettres, de la presse, de la radio et du cinéma. Toutes les personnes exerçant leurs activités dans ces divers domaines étaient contraintes de s'inscrire dans ces chambres respectives, dont les décisions et les directives avaient force de loi. Entre autres pouvoirs, les chambres avaient celui d'expulser ou de refuser ou d'accepter des membres pour cause d'instabilité politique; autrement dit, ceux qui avaient une attitude même tiède vis-à-vis du national-socialisme pouvaient être, et étaient généralement, empêchés d'exercer leur profession ou leur art et donc privés de moyens d'existence.

 

PHOTO 1.jpg

 

Quiconque a habité en Allemagne dans les années trente, et que ces problèmes intéressaient, ne peut oublier le navrant déclin du niveau culturel d'un peuple chez qui la culture s'était maintenue à un degré si élevé pendant si longtemps. C'était inévitable, bien sûr, à partir du moment où les chefs nazis décidèrent que les arts, les lettres, la presse, la radio et le cinéma devaient servir exclusivement à la propagande du nouveau régime et de sa philosophie barbare. Aucun écrivain allemand de quelque importance, à l'exception d'Ernst Jünger et d'Ernst Wiechert, ne fut publié en Allemagne sous les nazis. Presque tous, Thomas Mann en tête, émigrèrent; les rares qui restèrent demeurèrent silencieux ou furent réduits au silence. Tout manuscrit de livre ou de pièce de théâtre devait être soumis au ministère de la Propagande avant de pouvoir être publié ou joué.

 

L’école du Troisième Reich

PHOTO 1.jpg

 

Les écoles allemandes furent rapidement nazifiées, des petites classes à l'université. Les livres de classe furent refaits, les programmes modifiés. Le Mein Kampf devint comme le disait Der Deutsche Erzieher, organe officiel des éducateurs notre guide pédagogique infaillible, et les maîtres qui se refusaient à voir les choses de cette nouvelle façon étaient renvoyés.

La plupart des enseignants avaient été plus ou moins nazis de coeur sinon membres du parti. Pour renforcer leur idéologie, ils furent envoyés dans des écoles spéciales où on leur enseignait à fond les principes nationaux socialistes, en insistant sur les doctrines raciales d'Hitler. Toute personne qui travaillait dans l'enseignement, du jardin d'enfants à l'université, devait être inscrite à la Ligue nationale socialiste de l'Enseignement, laquelle était légalement responsable de la coordination idéologique et politique de tous les maîtres en accord avec la doctrine nationale socialiste.
La loi des fonctionnaires de 1937 exigeait des enseignants qu'ils fussent les exécuteurs de la volonté de l'État soutenu par le parti et prêts à tout moment à défendre sans réserve l'État national socialiste. Un décret précédent les avait déclarés fonctionnaires et, par conséquent, soumis aux lois raciales. Les Juifs n'avaient, bien entendu, pas le droit d'enseigner. Tous les maîtres firent le serment d'être fidèles et obéissants vis-à-vis d'Adolf Hitler. Plus tard, nul ne devait pouvoir enseigner s'il n'avait auparavant servi dans les S.A., le Service du Travail ou les Jeunesses hitlériennes. Les candidats aux chaires universitaires devaient d'abord faire un stage de six semaines dans un camp d'observation, où leurs idées et leur caractère étaient étudiés par des experts nazis, lesquels soumettaient un rapport au ministère de l'Enseignement; ce ministère donnait des autorisations d'enseigner basées sur la stabilité politique des candidats.

 

PHOTO 1.jpg

 

Le résultat de toute cette nazification était catastrophique pour l'enseignement allemand. L'histoire était à ce point falsifiée dans les nouveaux livres de classe et par les maîtres dans leurs cours, qu'elle en devenait grotesque. L'enseignement des sciences raciales qui exaltaient les Allemands comme la race des seigneurs et faisaient des Juifs la source de presque tous les maux du monde était plus ridicule encore. Dans la seule Université de Berlin, où tant de grands professeurs avaient enseigné dans le passé, le nouveau recteur, un homme des troupes d'assaut et un vétérinaire de profession, institua vingt-cinq nouveaux cours de science raciale et, quand il eut vraiment tout mis sens dessus dessous dans la faculté, on y donnait quatre-vingt-six cours ayant un rapport avec sa propre profession.

 

PHOTO 1.jpg

Après six ans de nazification, le nombre des étudiants diminua de plus de la moitié : il passa de 127 920 à 58 325. Plus grande encore était la diminution des inscriptions dans les instituts de technologie dont l'Allemagne tirait ses savants et ses ingénieurs : elles passèrent de 20 474 élèves à 9 554. Le niveau académique baissa de façon vertigineuse. 

En 1937, non seulement on manquait de jeunes savants et ingénieurs, mais encore le savoir de ceux-ci diminuait. Longtemps avant le début de la guerre, l'industrie chimique, qui s'employait activement à avancer le réarmement nazi, se plaignait, par le truchement de son journal Die Chemische Industrie, de ce que l'Allemagne perdait sa suprématie en chimie. Non seulement, disait ce journal, l'économie nationale, mais la défense nationale aussi était mise en péril, et si les jeunes savants étaient si peu nombreux et de si médiocre qualité, c'était à cause de la pauvreté de l'enseignement dans les collèges techniques.

 

Les jeunesses hitlériennes

PHOTO 1.jpg

 

Des l'âge de six ans à celui de dix-huit, quand commençait la conscription en vue du Service du Travail et de l'Armée, filles et garçons étaient organisés dans les divers cadres des Jeunesses hitlériennes. Les parents reconnus coupables d'avoir essayé d'empêcher leurs enfants d'entrer dans ces organisations étaient passibles de fortes peines de prison, bien que, dans certains cas, ils refusassent simplement de voir leurs filles entrer dans des groupes où les cas de grossesse avaient atteint des proportions scandaleuses.

 

PHOTO 1.jpg

 

De l'âge de six ans à celui de dix, un garçon faisait une sorte d'apprentissage dans les Jeunesses hitlériennes en tant que Pimpf. Chaque jeune recevait un carnet de notes dans lequel étaient inscrits ses progrès au cours de toute son activité dans les jeunesses nazies, y compris son développement idéologique. A dix ans, après avoir subi certains examens sportifs, de camping et d'histoire nazifiée, il entrait dans le Jungvolk (Jeune Peuple), où il prêtait le serment suivant :
En présence de cet étendard de sang, qui représente notre Führer, je jure de consacrer toute mon énergie et toute ma force au sauveur de notre pays, Adolf Hitler. Je suis prêt à donner ma vie pour lui, et je m'en remets à Dieu.
A quatorze ans, un jeune garçon entrait dans les Jeunesses hitlériennes proprement dites, et il y restait jusqu'à dix-huit ans, âge auquel il passait dans le Service du Travail et dans l'armée. C'était une vaste organisation paramilitaire, similaire aux S.A. et dans laquelle des jeunes gens qui approchaient de l'âge d'homme recevaient une formation systématique non seulement dans le domaine des sports et de l'idéologie nazie, mais également du maniement d'armes.

 

PHOTO 1.jpg

 

À la fin de 1938, les Jeunesses hitlériennes comptaient 7 728 259 membres. Pour important que fût ce chiffre, de toute évidence, quelque 4 millions de jeunes avait réussi à échapper à l'organisation, et, en mars 1939, le gouvernement promulgua une loi instituant la conscription de tous les jeunes dans les Jeunesses hitlériennes sur la même base que la conscription dans l'armée. On prévint les parents récalcitrants que, si leurs enfants ne s'enrôlaient pas, on les leur retirerait pour les placer dans des orphelinats ou dans d'autres foyers.

 

PHOTO 1.jpg

 

Bien que leur esprit fût délibérément empoisonné, leur scolarité toujours interrompue, l'influence familiale très largement remplacée, les garçons et les filles, les jeunes gens et les jeunes femmes semblaient parfaitement heureux, ravis de mener la vie d'un jeune hitlérien. Et, sans aucun doute, cette façon de réunir les enfants de toutes les classes et de tous les niveaux de la société, de faire partager des tâches communes aux enfants des familles pauvres comme à ceux des familles riches, à ceux dont le père était ouvrier, paysan, homme d'affaires ou aristocrate, cette méthode avait du bon. Dans la plupart des cas, cela ne faisait aucun mal à un garçon et à une fille des villes de passer six mois dans le service du travail obligatoire, où ils vivaient au grand air, apprenaient la valeur du travail manuel et l'intérêt qu'il y a à s'entendre avec ceux qui n'ont pas reçu la même éducation. Quiconque voyageait en Allemagne et discutait avec les jeunes dans leurs camps, les regardait travailler, jouer et chanter, ne pouvait manquer d'observer que, pour sinistre que fût l'enseignement qu'on leur prodiguait, c'était là un mouvement de jeunesse incroyablement dynamique.

 

Le travailleur du Troisième Reich

PHOTO 1.jpg

 

La loi réglementant la main-d'oeuvre nationale du 20 janvier 1934, connue sous le nom de Charte du Travail, avait remis le travailleur à sa place et rétabli l'employeur dans son ancienne position de maître absolu, sujet, il est vrai, aux interventions de l'État tout-puissant. L'employeur devenait le chef de l'entreprise, les employés, les disciples ou Gefolgschaft. L'article 2 de la loi précisait que le chef de l'entreprise prend les décisions pour les employés et les ouvriers dans tous les domaines concernant l'entreprise. Et, tout comme autrefois le seigneur était censé être responsable du bien-être de ses sujets, de même, sous la loi nazie, l'employeur était-il responsable du bien-être des employés et des travailleurs. En retour, précisait la loi, les employés et les ouvriers lui doivent fidélité, c'est-à-dire qu'ils devaient travailler dur et longtemps, sans récriminations ni murmures, même s'il s'agissait de salaire.
Les salaires étaient fixés par des conseillers du travail, nommés par le Front du Travail. En pratique, ceux-ci fixaient les tarifs selon les désirs de l'employeur il n'était pas question même de consulter les ouvriers sur ces questions mais après 1936, quand la main-d'oeuvre se fit rare dans les industries d'armement et que certains employeurs tentèrent d'élever les salaires pour attirer l'embauche, l'échelle des salaires fut maintenue à un niveau plus bas sur ordre de l'État.

 

PHOTO 1.jpg

 

Finalement, la paie que le travailleur allemand rapportait à la maison diminuait. Outre de lourds impôts sur le revenu, des contributions obligatoires aux assurances maladie, chômage et infirmités, sans parler des cotisations au Front du Travail, le travailleur manuel comme tout le monde en Allemagne nazie était l'objet de pressions constantes pour faire des dons de plus en plus importants à toute une collection d'oeuvre de charité nazie, dont la principale était le Winterhilfe (Secours d'hiver). Plus d'un ouvrier perdit sa place parce qu'il n'avait pas versé sa contribution au Winterhilfe ou bien parce qu'on jugeait cette contribution trop faible. 
Ce genre de faute se trouva un jour sanctionné par un tribunal du travail, qui approuva le licenciement sans préavis d'un employé, pour conduite hostile à la communauté du peuple méritant d'être sévèrement condamnée. Vers les années 1935, on estimait que les impôts et contributions diverses prélevaient de 15 à 35 pour 100 du salaire brut d'un ouvrier. Pareil prélèvement sur une semaine de 6,95 dollars ne laissait pas grand-chose pour le loyer, la nourriture, l'habillement et les loisirs.

 

La force par la joie

PHOTO 1.jpg

 

Les travailleurs allemands, comme le prolétariat romain, avaient leur cirque fourni par leurs dirigeants pour détourner leur attention de leur condition misérable. Il nous fallait détourner l'attention des masses des valeurs matérielles vers les valeurs morales, expliqua un jour le docteur Ley. Il est plus important de nourrir les âmes des hommes que leurs ventres. Ce fut ainsi qu'il conçut une organisation appelée Kraft durch Freude (La force par la joie). Cette organisation fournissait ce que l'on ne peut appeler que des loisirs enrégimentés. Dans une dictature totalitaire au XXe siècle, comme peut-être dans les dictatures d'autrefois, il semble nécessaire de contrôler non seulement les heures de travail, mais aussi les heures de loisirs de l'individu. C'était à quoi veillait La force par la joie. A l'époque pré-nazie, l'Allemagne avait des dizaines de milliers de clubs consacrés à toutes sortes d'activités, des échecs au football en passant par l'ornithologie. Sous le régime nazi, aucun groupe social, sportif ou récréatif n'eut le droit de fonctionner en dehors du contrôle et de la direction de Kraft Durch Freude.

 

Pour l'Allemand ordinaire du Troisième Reich, cette organisation officielle couvrant toutes les activités de loisirs était sans doute mieux que rien, si l'on ne vous laisse pas l'initiative de se distraire.
Elle permettait par exemple aux membres du Front du Travail de faire pour leurs vacances des voyages ou des croisières à des prix défiant toute concurrence. Le docteur Ley fit construire deux navires de 25 000 tonnes, dont l'un portait son nom, et il en loua dix autres pour organiser des croisières pour Kraft durch Freude. Bien que la vie à bord fût organisée par les leaders nazis jusqu'à un point insupportable, les travailleurs allemands semblaient bien s'amuser. Et à quel prix ! Une croisière à Madère, par exemple, ne coûtait que 25 dollars, y compris le voyage en train aller-retour jusqu'à un port allemand, et d'autres voyages étaient tout aussi peu coûteux. Des plages au bord de la mer et sur des lacs furent envahies par des milliers de vacanciers l'une d'elles à Ruegen, sur la Baltique, qui n'était pas terminée lorsque la guerre éclata, se vantait de pouvoir loger 20 000 personnes et, en hiver, des excursions spéciales pour faire du ski dans les Alpes bavaroises étaient organisées à 11 dollars par semaine, y compris le voyage en car, la pension, la location des skis et les leçons d'un moniteur.

 

PHOTO 2.jpg

 

Les sports, dont toutes les branches étaient contrôlées par La force par la joie, furent organisés sur une vaste échelle, plus de 7 millions de personnes, d'après les chiffres officiels, en pratiquant annuellement. L'organisation fournissait également au rabais des billets de théâtre, d'opéra et de concerts, permettant ainsi aux travailleurs d'avoir des distractions plus intellectuelles, comme le proclamaient souvent les fonctionnaires nazis. Kraft durch Freude avait également son propre orchestre symphonique de 90 exécutants, qui ne cessait de parcourir le pays, jouant souvent dans les plus petites villes, où l'on n'avait généralement pas l'occasion d'entendre de la bonne musique. Enfin, l'organisation prit sous sa coupe les quelque deux cents institutions d'éducation adulte qui florissait sous la République mouvement qui avait pris son origine en Scandinavie et continua à les faire fonctionner non sans ajouter un fort apport d'idéologie nazie à l'instruction qu'on y prodiguait.

 

PHOTO 3.jpg

Robert Ley 1890-1945

 

À la fin, bien sûr, ce furent les ouvriers qui payèrent le cirque. Le montant total des cotisations au Front du Travail atteignait 160 millions de dollars en 1937 et dépassa le cap des 200 millions de dollars lorsque la guerre éclata, d'après le docteur Ley : La comptabilité était extrêmement vague, car elle était entre les mains non pas de l'État, mais du service des finances du parti, qui ne publiait jamais ses comptes. Sur le montant des cotisations, 10 pour 100 étaient réservés au Kraft durch Freude. Mais les cotisations payées par les individus pour les voyages de vacances et pour les loisirs, pour peu coûteux que tout cela fût, atteignaient dans l'année qui précéda la guerre le chiffre de 1 milliard 250 millions de dollars. Une autre lourde charge accablait encore le salarié : en tant que première organisation du parti unique dans le pays, avec 25 millions de membres, le Front du Travail devint une gigantesque bureaucratie, avec des dizaines de milliers d'employés à plein temps. En fait, on estimait que de 20 à 25 pour 100 de son revenu étaient absorbés par les frais de gestion.

 

À la lueur des flambeaux

PHOTO 5.jpg

 

Le nazisme était pressé: il se créa en toute hâte une étincelante mythologie complétée par un calendrier politique. La date de ces journées placées sous le signe de la croix gammée coïncidait avec celle des anciennes fêtes du Reich, mélange de célébrations chrétiennes et païennes et de vieilles coutumes allemandes. Les rites d'adoration hitlériens s'intégraient bien aux cérémonies traditionnelles et étaient acceptés par la majorité des Allemands.

 

PHOTO 5.jpg

 

Le symbole païen du feu illuminait les grandes fêtes. L'anniversaire d’Hitler, par exemple, donnait lieu à des cérémonies à la lueur des flambeaux et faisait fleurir dans toutes les vitrines des portraits de l'idole, parée de guirlandes comme une icône. A la campagne, la veille du Premier mai, s'allumaient partout des flammes tremblantes, tandis que les officiants coupaient l'Arbre de mai et choisissaient leur roi et leur reine: le lendemain, les danses traditionnelles alternaient avec des défilés de travailleurs portant des bannières. Pour le solstice d'été, le 22 juin, les nazis donnèrent un sens nouveau aux feux de la Saint-Jean, qui dataient d'avant l'ère chrétienne. Dans les brasiers qu'ils allumaient, ils jetaient des couronnes en mémoire de leurs héros et martyrs. Ensuite, dans le fracas des gongs, des couples bondissaient par-dessus les flammes.
Lors de la fête annuelle du Parti, à Nuremberg, qui coïncidait avec l'équinoxe d'automne, le rituel durait une semaine entière. Après le discours d'ouverture d’Hitler, se succédaient d'extravagantes manifestations. Le jour du Travail, 50 000 durs effectuaient des évolutions compliquées, en portant des pelles soigneusement fourbies sur l'épaule; le jour des Jeunesses hitlériennes et le jour des Chefs du Parti, paradaient 150000 officiers et miliciens. 
Le jour des Chemisés brunes, les S.A. défilaient au pas de l'oie devant Hitler pendant cinq ou six heures. Le jour de l'Armée, des milliers de soldats s'affrontaient dans des combats simulés avec des fusils, des mitrailleuses, des canons et des chars. Le dernier jour, c'était l'apogée: feux d'artifice, retraites aux flambeaux, orchestres et bannières. De l'ensemble se dégageait une impression inquiétante mais inoubliable. Frappé de stupeur, un observateur anglais écrivait: Je n'ai jamais vu de ballet d'une splendeur comparable à ces cérémonies.

 

Les anges noirs

PHOTO 1.jpg

 

Bottés et vêtus d’une élégante tenue noire, les S.S. armés seront les mauvais anges gardiens du régime. Recrutés dans un milieu plus élevé que la S.A., ils se montreront plus discrets, éviteront les manifestations brutales et tapageuses, mais feront preuve d’une terrible efficacité. 
Complètement acquis à l’idéal national-socialiste, la principale qualité des S.S. est une fidélité absolue et une obéissance aveugle aux ordres du Führer.

PHOTO 2.jpg

Le 30 juin 1934 devait dire Himmler. Nous n’avons pas hésité à faire le devoir qui nous était prescrit et à coller au mur pour les fusiller des camarades coupables (Nuit des longs couteaux, massacre des responsables S.A.) Nous n’en avons jamais discuté entre nous. Chacun a trouvé cela épouvantable et pourtant nous sommes tous certains que si de tels ordres sont un jour nécessaires, nous les exécuterons comme ce fut le cas ce jour-là.

 

SS à l'entraînement

PHOTO 3.jpg

 

Une épreuve impressionnante était de règle : pour prouver sa maîtrise de soi, le futur officier S.S. devait armer une grenade, la poser en équilibre sur son casque et attendre l’explosion au garde-à-vous ! 




0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 5 autres membres